lundi 15 octobre 2007

Mahmoud Darwish où la transcendance d'un peuple effacé

Dernière parution du grand poète palestinien Mahmoud Darwich, "Comme des fleurs d’amandiers ou plus loin", poèmes traduits de l’arabe (Palestine) par Elias Sanbar, coll. "Mondes arabes", Actes Sud

Hallée comme les chants anciens de moissons,
brune de la piqûre de la nuit,
blanche tant l’eau a ri
lorsqu’elle s’approcha de la source ...
Tes yeux sont en amande,
deux blessures de miel, tes lèvres,
deux tours de marbre, tes jambes
deux oiseaux, tes mains sur mes épaules
et je tiens de toi une âme qui volette
autour du lieu.

Site du poète avec des extraits:
http://mahmoud-darwich.chez-alice.fr/soirees.html

CIEL BAS

C’est un amour qui va sur ses pieds de soie,
Heureux de son exil dans les rues.
Un amour petit et pauvre que mouille une pluie de passage
Et il déborde sur les passants :
Mes présents sont plus abondants que moi.
Mangez mon blé,
Buvez mon vin,
Car mon ciel repose sur mes épaules et ma terre vous appartient …

As-tu humé le sang du jasmin indivis
Et pensé à moi ?
Attendu en ma compagnie un oiseau à la queue verte
Et qui n’a pas de nom ?

C’est un amour pauvre qui fixe le fleuve
Et il s’abandonne aux évocations : Où cours-tu ainsi,
Jument de l’eau ?
Sous peu, la mer t’absorbera.
Va lentement vers ta mort choisie,
Jument de l’eau !

(…)

C’est un amour qui passe par nous
Sans que nous y prenions garde.
Et il ne sait et nous ne savons
Pourquoi une rose dans un vieux mur nous disperse,
Pourquoi une jeune fille en pleurs à l’arrêt d’un bus,
Croque une pomme et pleure encore et rit :
Ce n’est rien, rien qu’une
Abeille qui vient de traverser mon sang …

C’est un amour pauvre qui contemple
Longtemps les passants et prend
Le plus jeune pour lune : Tu as besoin
D’un ciel moins élevé.
Sois mon ami et tu pourras contenir
L’égoïsme de deux êtres qui ne savent
A qui offrir leurs fleurs …
Il parlait peut-être de moi, peut-être
De nous, mais nous ne le savions pas.

C’est un amour …

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire