dimanche 19 octobre 2008

LE CLEZIO, l'ecrivain cosmopolite de la rupture et de l'errance

«Je n'ai jamais cherché que cela en écrivant : communiquer avec les autres.»

Le jury du Prix Nobel de littérature a visé juste en choisissant cette année
J.M.G. Le Clézio. Il est le lauréat idéal pour ces "temps maudits, peuplés de gens baroques, qui jouent dans la brume à des jeux déloyaux", comme disait Aragon. Face aux dérives de la planète, face aux folies de Wall Street, Le Clézio est là avec une grande lucidité sur les maux qui ravagent le monde, avec son refus de l'injustice et du racisme et, en même temps, avec sa faculté de s'échapper de ce monde en regardant les galaxies, en parcourant le globe, en regardant le visage de l'Autre et en se souvenant, grâce à sa plume magnifique, que des utopies peuvent resurgir si on le veut bien.

Sa planète n'est pas celle de Lehman Brothers mais celle des gens qu'il a croisés en errant de l'île Maurice à Nice, du Mexique à Haïti, du Sahara à la Bretagne. "Ces voyages, nous disait-il, ce doit être ma recherche des visages de l'Autre et de la liberté du regard, ce n'est nullement l'envie de fuir."
Le jury du Nobel a trouvé les mots. Il salue en lui "l'écrivain de la rupture, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle, l'explorateur d'une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante".

Le Clézio "est parvenu à intégrer d'autres civilisations, d'autres modes de vie que celui des occidentaux, dans son écriture", a expliqué le secrétaire permanent de l'Académie suédoise, Horace Engdahl, saluant un "écrivain cosmopolite".(lenouvelobs.com)

Un point de vue pour comprendre sa pasion des déserts:
http://www.maulpoix.net/Desert.html

autres citations:
«Le silence est l'aboutissement suprême du langage et de la conscience.»

jeudi 16 octobre 2008

En chinois, crise et chance sont le même idéogramme!


Dans la langue chinoise : l'idéogramme "crise" signifie à la fois danger et opportunité.
- La notion chinoise s'ouvre donc sur les deux versants : d'un côté un danger majeur et de l'autre une possibilité de se sortir d'une impasse ou de saisir sa chance.

La crise financière le Pape et le Coran.

Editorial incroyable de l'hebdomadaire CHALLENGES du 11 Septembre 2008
André Comte-Sponville, philosophe, nous l'a redit à satiété : le capitalisme ne peut pas être moral, ni contre la morale. Il est tout simplement amoral. L'économie et la morale relevant, au sens pascalien, de deux ordres différents, tenter de conjuguer les deux ensemble relève du «barbarisme», rappelle l'auteur de l'excellent essai Le capitalisme est-il moral ? (éditions Albin Michel). Mais même pour ceux qui ne croient pas à l'ordre divin, quelle tentation, au moment où le pape est en visite en France, de chercher quelques repères sur l'économie dans les textes du Vatican.
Notre chroniqueur Robert Rochefort, qui cache derrière ses fonctions de directeur du Crédoc un attachement à la tradition des chrétiens sociaux, n'a pourtant rien trouvé de très récent en provenance de Rome (lire page 61). Rien en tout cas de très important depuis 1991, quand Jean-Paul II s'était essayé à l'économie dans son encyclique Centesimus annus, et qu'il y avait donné une justification du profit du bout de la crosse : la pierre angulaire du capitalisme y était reconnue tout au plus «comme un bon indicateur du fonctionnement de l'entreprise».
En réalité, et Benoît XVI nous pardonnera, au moment où nous traversons une crise financière qui balaie tous les indices de croissance sur son passage, c'est plutôt le Coran qu'il faut relire que les textes pontificaux. Car si nos banquiers, avides de rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu la charia, nous n'en serions pas là. Il ne faut pourtant pas voir la finance islamiqu
e comme un exercice de troc moyenâgeux, car les pays du Golfe nous ont montré combien leur mentalité entrepreneuriale savait épouser le XXIe siècle. Simplement, leurs banquiers ne transigent pas sur un principe sacré : l'argent ne doit pas produire de l'argent. La traduction de cet engagement est simple : tout crédit doit avoir en face un actif bien identifié. Interdits, les produits toxiques; oubliés, les ABS et CDO que personne n'est capable de comprendre. Autrement dit, l'argent ne peut être utilisé que pour financer l'économie réelle. Il n'y a donc pas de hasard : si les banques du Golfe sont sorties indemnes de la crise du subprime, c'est qu'elles n'y sont pas entrées. Le respect de ce principe du Coran est également fort utile dans la relation que chacun entretient avec l'argent, qu'il s'agisse des entreprises ou des particuliers : les personnes morales n'ont ainsi pas le droit de s'endetter au-delà de leur capitalisation boursière; quant aux personnes physiques, elles ne peuvent de facto souffrir de surendettement. Voilà des règles qui ne peuvent pas nuire. Et même si elles reposent sur un texte qui date du VIIe siècle, Benoît XVI aura du mal à faire des sermons davantage puisés dans l'actualité.
Beaufils Vincent

Analyse sur le site Musulman Al Kanz:
Crise financière et récession : C'est plutôt le Coran qu´il faut relire!


Consacrant son éditorial du 11 septembre dernier, "Le pape ou le Coran", à la crise financière qui ébranle le monde et à la venue du pape Benoît XVI en France, Vincent Beaufils surprend. Revenant sur l´ouvrage d'André Comte-Sponville sur la morale et le capitalisme (/Le capitalisme est-il moral ?/), l´éditorialiste congédie le pape et les textes pontificaux... pour inviter à lire le Coran. 'C´est plutôt le Coran qu´il faut relire', écrit-il. Car si nos banquiers, avides de rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu la charia, nous n´en serions pas là.


Mieux, il rappelle l´actualité fracassante d´une conception très moderne de l´économie, celle de la finance islamique. Il suffit selon lui de voir comment les pays du Golfe ont 'épousé' avec succès le XXIe siècle. Leur recette miracle : *la règle islamique qui veut qu´on ne fasse pas de l´argent avec de l´argent. L´islam proscrit en effet très sévèrement toute transaction basée sur l´intérêt et l´usure (rîba). Rien ne justifie le recours à rîba pas même l´émission d´une fatwa fantaisiste permettant le recours au crédit immobilier qui fait fureur chez les classes moyennes en France. La sacralité de ce principe est tel qu´en islam rîba fait partie des grands péchés, puisqu´elle est ni plus ni moins une abomination.
Abomination qui fait sentir tous ses effets depuis plusieurs mois,
notamment aux États-Unis ou des millions de pauvres gens, des familles entières, se sont retrouvés du jour au lendemain sur le trottoir, SDF. Comme le relève d´ailleurs Vincent Beaufils lorsqu´il précise que 'si les banques du Golfe sont sorties indemnes de la crise du subprimes, c´est qu´elles n´y sont pas entrées.

Et d'appuyer là où ça fait mal: le respect de ce principe du Coran est également fort utile dans la relation que chacun entretient avec l'argent, qu´il s´agisse des entreprises ou des particuliers : les personnes morales n´ont ainsi pas le droit de s´endetter au-delà de leur capitalisation boursière ; quant aux personnes physiques, elles
ne peuvent de facto souffrir de surendettement. Pour finir sur un jugement sans appel : 'même si [ces règles] reposent sur un texte qui date du VIIe siècle, Benoît XVI aura du mal à faire des sermons davantage puisés dans l´actualité.
Surprenant non ?

Qu'est ce que la finance islamique?

La finance islamique, en accord avec l'éthique de l'islam, est basée sur deux principes : l'interdiction de l'intérêt, aussi appelé usure et la responsabilité sociale de l'investissement. Elle lie plus étroitement la rentabilité financière d'un investissement avec les résultats du projet concrêt associé. L’Islam interdit les transactions tant civiles que commerciales faisant recours à l'intérêt (ribâ), à la spéculation (gharar) ou au hasard (massir).

Le Débat en France:
La France va adapter sa fiscalité pour mieux accueillir la finance islamique. C'est l'objectif fixé hier par Christine Lagarde à l'occasion du rendez-vous annuel des professionnels de la place de Paris. Personne ne s'en cache : il s'agit de capter une partie d'un gros gâteau de plus de 4.000 milliards de dollars.

ecouter l'interview du 3 Juillet 2008 sur RTL de Christine Lagarde

La Finance Islamique vue par Christine LAGARDE, ministre de l'Economie et des Finances de France.
"Nous adapterons notre environnement juridique pour que la stabiliteé et l’innovation de notre place financière puissent bénéficier à la finance islamique et rendre ses activités aussi bienvenues à Paris qu’elles le sont à Londres et sur d’autres places."
Christine Lagarde – 02.07.2008

La Finance Islamique en France en débat au Sénat et son compte rendu vidéo.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Née dans les années 70, la finance islamique a pour but de développer des services bancaires et des produits financiers compatibles avec les prescriptions de la loi coranique. Acteur peu connu de la finance mondiale il y a encore quelques années, la finance islamique connaît aujourd'hui un développement appelé à perdurer au regard, notamment, des liquidités actuellement présentes dans un certain nombre de pays musulmans, et de la forte demande pour des produits compatibles avec la Charia. Cette croissance suscite un vif intérêt, y compris en Europe, où plusieurs pays s'interrogent sur la manière d'intégrer cette finance alternative aux cotés des activités conventionnelles. Le Royaume Uni fait figure de proue sur ce sujet depuis 2004, en proposant à la communauté musulmane une offre de services adaptée, et en faisant de la City la place européenne de référence en matière de finance islamique. Suite à son rapport d'information sur « Le nouvel « âge d'or » des fonds souverains au Moyen-Orient » d'octobre 2007, dont une partie était consacrée à la finance islamique, la commission des finances du Sénat souhaite apprécier l'opportunité et les modalités pour la France de s'insérer sur ce marché en plein essor. Dans cette perspective, nous serons particulièrement attentifs aux échanges et aux propositions qui se dégageront de ces tables rondes réunissant experts et professionnels reconnus.
Jean Arthuis

FORUM FRANCAIS DE LA FINANCE ISLAMIQUELE DEVELOPPEMENT DE LA FINANCE ISLAMIQUE SUR FOND DE CRISE FINANCIERE MONDIALE (thème 2008)
Nous vous invitons à participer au II Forum Français de la Finance Islamique, qui se tiendra le 26 novembre 2008 dans les salons de la Maison des Arts et Métiers à Paris.
Organisé par la Chambre de Commerce Franco-arabe et Secure Finance, ce forum s’impose comme l’événement majeur de ce second trimestre.
Il réunira experts et professionnels unanimement reconnus, pour approfondir les principales problématiques de la création et de l’essor, national et international,
de cette Finance Islamique « à la française », pour échanger, sur la base d’exemples et de retours d’expérience concrets, esquisser, enfin, les perspectives de partenariats franco-islamiques.
http://www.ccfranco-arabe.org/files/01.forum%20fr-ang.pdf

Finance Islamique France:
Finance Islamique France est le premier site français exclusivement consacré à la finance islamique, à sa position dans le système financier mondialisé et à ses perspectives de développement, en France et en Europe.
Finance Islamique France a aussi pour but de faire découvrir l'ouvrage collectif "La finance islamique à la française: un moteur pour l'économie, une alternative éthique". Sa date de parution est prévue à la rentrée prochaine.

Un exemple concret sur les offres de produits financiers islamiques dans des banques françaises.
Retour sur les produits islamiques de la Société générale
Finance islamique. Vous avez été nombreux à vous interroger sur les produits financiers proposés par la Société générale, via sa filiale, la BFCOI, aux musulmans de l’île de la Réunion (voir Finance islamique en France : lancement des premiers placements). Marouane Mohamed, ingénieur en mathématiques financières à Londres, revient pour Al-Kanz sur ces deux produits, le SGAM AI Liquidités et le SGAM AI Baraka, en quoi consistent ces produits.

La Société Générale est devenue actionnaire de la BFC en 2003 à parité avec la MCB (Mauritius Commercial Bank), et en contrôle le management avec Roger Munoz (Directeur Général) et Xavier de Mascarel (Directeur Commercial). La BFC fait partie intégrante du réseau de la Banque Hors France Métropolitaine (BHFM) de la Société Générale, dirigé par Jean-Louis MATTEI.
Jérôme Pignolet de Fresnes répond en exclusivité aux questions de Finance Islamique France au sujet des premiers produits islamiques lancés en France par la BFC

autre article sur SAPHIRNEWS.COM

La surréaction des politiques aux sifflets du match France-Tunisie.

Edito politique sur France Inter de Thomas Legrand u 16/10/08.

Nombreuses réactions politiques hier après le match France-Tunisie au cours duquel la Marseillaise a été sifflée.
On se souvient que Nicolas Sarkozy avait été choqué -il l'avait dit- par la timidité de la réaction des ministres quand il y avait eu pareille bronca, lors de précédents France-Algérie et France-Maroc. Du coup, la journée d'hier s'est déroulée dans la démesure et la sur-réaction - ça n'a été qu'une série de surenchère de déclarations outragées de ministres et de parlementaires, qui s'enveloppaient dans le drapeau tricolore pour bien se mettre sur la longueur d'onde du coup de menton présidentiel. Ça commençait par le premier ministre qui regrettait que le match n'ait pas été annulé. Puis, il y a eu la convocation à l'Elysée du Président de la fédération française de foot et du couple Bachelot-Laporte. Dans l'après-midi, emportée par l'émotion, Roselyne Bachelot se prenait pour l'écrivain nationaliste Paul Déroulède allant jusqu'à dire qu'il n'y aurait plus de match contre les pays « responsables »... avant de se reprendre ! Un peu plus et madame Bachelot allait convoquer l'ambassadeur de Tunisie, dès l'aube au jardin du Luxembourg, pour un duel au sabre qui laverait l'affront ! La palme du commentaire insensé revient sans doute au député UMP Lionel Lucas : « quand on a la chance d'avoir été accueilli dans un pays qui vous permet d'avoir le ventre bien rempli, on le respecte. Tous ceux qui ont sifflé devraient faire leur valise.» Si on veut que toutes les Marseillaises de tous les matchs soient désormais sifflées, on ne peut pas mieux s'y prendre ! La ministre de l'intérieur promettait aussi de retrouver les coupables ! Les coupables d'avoir sifflé ! Dans la soirée, plusieurs membres du gouvernement qui s'étaient rendus compte du ridicule des réactions mettaient des bémols aux projets d'annulation de matchs. Tout ce tintouin cocardier faisait bien trop d'honneur aux quelques milliers de supporters abrutis. La première réaction de Bernard Laporte (avant l'étranglement de colère patriote obligatoire) avait pourtant sans doute été la bonne. Il avait dit qu'il serait ridicule de ne pas jouer contre certains pays mais qu'il fallait jouer les matchs en province, dans des petits stades de 20.000 places.

Ce serait donc une question de malaise des jeunes issus de l'immigration, notamment ceux de Seine-Saint-Denis, là où se trouve le stade de France ? Il ne s'agit pas de trouver d'excuses à ces sifflets qui n'avaient rien à voir avec un quelconque refus libertaire du nationalisme. C'était soit de la pure bêtise de foule (la pire) soit la manifestation hostile d'un autre nationalisme, celui qui reflète un repli communautaire, un nationalisme de sa propre origine contre le nationalisme du pays qui est le sien maintenant. Bon, mais une fois que l'on s'est bien indigné, une fois qu'on interdit des matchs, on s'est soulagé et on a cassé le thermomètre. Alors, on pourrait se poser quelques questions. Ce qui est lassant c'est qu'on redécouvre la lune à chaque fois. Alors allons-y... un sentiment d'isolement dans des cités lointaines et hors d'accès, une discrimination à l'embauche, à l'accession au logement, un chômage récurent, bref une vie de ghetto sans perspectives. Seulement, il se trouve que la remise en cause des ghettos n'est plus au goût du jour. La politique sensée favoriser une mixité sociale semble en panne. Hier, au Parlement, lors des questions au gouvernement, le moment où le sujet qui nous intéresse a vraiment été traité, n'est pas le moment où madame Bachelot s'est dressée pour sauver la patrie outragée. Mais c'est un peu plus tard, quand Jean-Christophe Lagarde, maire centriste de Drancy, a demandé au gouvernement de revenir sur son projet d'assouplissement de la loi SRU, cette loi qui oblige chaque ville à avoir au moins 20% de logement sociaux.

Mc Cain et les Arabes.

Mc Cain répond à une femme, lors d'un meeting du Minesota cette semaine, qui lui demandait si Barack Obama était un Arabe et donc qu'on ne pouvait lui faire confiance...
Et sa réponse fut édifiante:
"Non, ce n'est pas un Arabe, c'est un homme bien, un bon père de famille..."
Etre Arabe serait-il l'opposé d'un homme bon...?

Lire l'article paru dans LETEMPS.CH qui résume le passage à l'offensive politique des Républicains dans une dimension raciste.

Albert Einstein....no comment!

"Si l'idée n'est pas à priori absurde, elle est sans espoir."

Comment le peuple juif fut inventé : De la Bible au sionisme, par Shlomo Sand

C'est la seconde fois que je présente ce livre, qui sort enfin en France et qui est un Best Seller en Israel en ce moment.
Ce "nouvel historien" d'Israel, déconstruit le mythe du Peuple-race Juif. C'est à méditer sur tous les autres mythes fondateurs de nations ou Peuples (les Gaulois, les Teutons, la Oumma Arabe etc...)

Présentation de l'éditeur

Quand le peuple juif fut-il créé ? Est-ce il y a quatre mille ans, ou bien sous la plume d'historiens juifs du XIXe siècle qui ont reconstitué rétrospectivement un peuple imaginé afin de façonner une nation future ? Dans le sillage de la " contre-histoire " née en Israël dans les années 1990, Shlomo Sand nous entraîne dans une plongée à travers l'histoire " de longue durée " des juifs. Les habitants de la Judée furent-ils exilés après la destruction du Second Temple, en l'an 70 de l'ère chrétienne, ou bien s'agit-il ici d'un mythe chrétien qui aurait infiltré la tradition juive ? Et, si les paysans des temps anciens n'ont pas été exilés, que sont-ils devenus ? L'auteur montre surtout comment, à partir du XIXe siècle, le temps biblique a commencé à être considéré par les premiers sionistes comme le temps historique, celui de la naissance d'une nation. Ce détour par le passé conduit l'historien à un questionnement beaucoup plus contemporain : à l'heure où certains biologistes israéliens cherchent encore à démontrer que les juifs forment un peuple doté d'un ADN spécifique, que cache aujourd'hui le concept d'" Etat juif ", et pourquoi cette entité n'a-t-elle pas réussi jusqu'à maintenant à se constituer en une république appartenant à l'ensemble de ses citoyens, quelle que soit leur religion ? En dénonçant cette dérogation profonde au principe sur lequel se fonde toute démocratie moderne, Shlomo Sand délaisse le débat historiographique pour proposer une critique de la politique identitaire de son pays. Construit sur une analyse d'une grande originalité et pleine d'audace, cet ouvrage foisonnant aborde des questions qui touchent autant à l'origine historique des juifs qu'au statut civique des Israéliens. Paru au printemps 2008 en Israël, il y est très rapidement devenu un best-seller et donne encore lieu à des débats orageux.

Biographie de l'auteur
Né en 1946, Shlomo Sand a fait ses études d'histoire à l'université de Tel-Aviv et à l'École des hautes études en sciences sociales à Paris. Depuis 1985, il enseigne l'histoire contemporaine à l'université de Tel-Aviv. Les Mots et la terre (Fayard, 2006) est son dernier ouvrage publié en français.

Ici une critique du livre sur le blog : chroniques d'une citoyenne-ordi.com

Du Nationalisme...

"Une nation (...) est un groupe de personnes unies par une erreur commune sur leurs ancêtres et une aversion ommune envers leurs voisins"
Karl W. Deutsch
Le Nationalisme et ses Alternatives, 1969,

De l'Education et de la Droite.

«Si vous pensez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance.»
Derek Bok

lundi 13 octobre 2008

Tzvetan Todorov publie"La peur des barbares: Au-delà du choc des civilisations!"

«On ne peut effacer les siècles d'histoire (...) au cours desquels les actuels “pays de la peur” (les Occidentaux) ont dominé les actuels “pays du ressentiment”(les arabo-musulmans)».


Note de l'éditeur:
"Le choc des civilisations, ce serait : les démocraties occidentales d'un côté, l'Islam de l'autre. Deux mondes, figés dans leurs différences historiques, culturelles, religieuses, et de ce fait voués au conflit. Face à la menace, plus de place pour le dialogue ou pour le mélange. Et pas d'autre alternative que la "fermeté". Voire la guerre. Par tous les moyens. Peut-on vraiment s'assurer, lorsque l'on raisonne ainsi, que la barbarie et la civilisation continueront de se trouver du côté que l'on croit ? S'il est impératif de défendre la démocratie, il est aussi crucial de ne pas se laisser dominer par la peur et entraîner dans des réactions abusives. Car l'Histoire nous l'enseigne : le remède peut être pire que le mal." T.T.

Dans une réflexion qui nous fait traverser des siècles d'histoire européenne, Tzvetan Todorov éclaire les notions de barbarie et de civilisation, de culture et d'identité collective, pour interpréter les conflits qui opposent aujourd'hui les pays occidentaux et le reste du monde. Une magistrale leçon d'histoire et de politique - et une véritable "boîte à outils" pour décrypter les enjeux de notre temps


Commentaire d'Hubert VEDRINE, paru dans LE FIGARO du 19/09/08

L'ancien ministre des Affaires étrangères s'interroge sur cette notion de «barbares» souvent utilisée pour qualifier certains acteurs de conflits dans le monde et dont l'essayiste Tzvetan Todorov estime qu'elle est étrangère à la culture européenne.

Tzvetan Todorov voudrait que les Français, les Européens, les Occidentaux cessent d'alimenter ce fameux «choc des civilisations» qu'ils prétendent récuser, s'en libèrent, et voient au-delà. Il met tout son talent qui est grand, sa conviction qui se sent à chaque page, sa culture philosophique qui n'est jamais lourde, à exorciser cette «peur» des «Barbares» (1) qui a envahi les États-Unis, et de là l'Occident tout entier à cause, ou sous le prétexte, du 11 Septembre. Elle a conduit au manichéisme et aux amalgames simplistes de la «guerre contre la terreur», à ne voir les musulmans qu'à travers l'islam, à réduire l'islam à l'islamisme, et l'islamisme au terrorisme, à n'envisager que des réponses en force, à s'interdire toute analyse et riposte politique. Au même moment, l'analyste américain Fareed Zakaria, dans son ouvrage The Post-American World, s'étonne de voir le pays le plus puissant du monde vivre dans la peur de tout et des autres.

Todorov a beau jeu, auprès de tout lecteur de bonne foi, de démonter l'usage historiquement fantasmatique du mot «barbares» - on est toujours le barbare de quelqu'un - d'expliquer que les «identités collectives» ont certes un cœur, mais qu'elles ont toujours été mobiles et n'ont jamais cessé d'échanger et de s'enrichir mutuellement ; que la guerre des mondes, qui paraît fatale, peut être évitée, surtout si l'on sait, s'agissant de la relation incandescente Islam/Occident, «naviguer entre les écueils» .

Pour lui, l'idée européenne - qu'il évoque avec des accents inspirés proches de Jorge Semprun, de Bronislaw Geremek jusqu'à sa mort, et d'Elie Barnavi encore récemment - contient l'antidote à toutes ces dichotomies dangereuses. Elle est fondée sur l'acceptation de la pluralité, non comme un héritage historique handicapant qu'on se résigne à assumer, mais comme un principe politique d'avenir et un atout.
(...)
À ses yeux, «le préalable serait que les élites occidentales cessent de se considérer comme une incarnation du droit, de la vertu et de l'universalité (…) et de se mettre au-dessus des lois et des jugements des autres». Mais cela leur est consubstantiel ! «Le droit d'ingérence militaire, insiste-t-il, risque de faire percevoir les idéaux défendus par les Occidentaux - liberté, égalité, laïcité, droits de l'homme - comme un camouflage commode de leur volonté de puissance, et donc, de les déconsidérer.» Au contraire, recommande-t-il, «pour que la population musulmane des pays (arabes) puisse tourner son attention vers les causes internes de ses déboires, il faut supprimer les causes externes les plus voyantes - celles dont l'Occident est responsable». Et de citer la Palestine, l'Irak, l'Iran, l'Afghanistan. (cf "LA HAINE DE l'OCCIDENT, de Jean Ziegler, 2008)

Même si les réalistes républicains et démocrates essaient de repenser une politique étrangère américaine après les fiascos de l'Administration Bush, pourront-ils aller jusqu'à une telle remise en cause des a priori américains à l'heure où le monde émergent défie la Rome occidentale ? Cela supposerait au moins un rapport Baker-Hamilton pour l'ensemble de la région, pour dire comment réintégrer les réalités et traiter avec tous les «barbares». (chose que le gouvernement français vient d'admettre, alors qeu les Britaniques le font depuis longtemps, en Afghanistan avec les talibans par la voix de M Kouchner et qui contredit les leçons de morale de M Sarkozy).

Quant à la réponse européenne, Todorov a le courage de le reconnaître : même pensée comme une force, la pluralité ne suffit pas. L'angélisme qui consiste à projeter la situation de l'Europe sur le reste du monde est «inadéquat». L'Europe doit devenir une «puissance tranquille». Elle ne peut exclure par principe le recours à la force armée. Todorov est donc plus réaliste que ceux qui rêvent d'une Europe se contentant de son «soft power» (ses normes, son aide, ses conditionnalités, ses discours) et rayonnerait par son exemple démocratique et celui de son modèle social. Reste à en convaincre les Européens. Peut-être l'été 2008 aura-t-il descillé les yeux de beaucoup sur la réalité du monde, bien loin encore de constituer une «communauté internationale» ?

lundi 29 septembre 2008

Sarkozy, la France, la Civilisation et l'Afghanistan

Sarkozy ministre:
« La présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive. »
« Le président de la République [Jacques Chirac, auquel il va bientôt succéder] a pris la décision de rapatrier nos forces spéciales et un certain nombre d’éléments. C’est une politique que je poursuivrai. Et, de toute manière, si vous regardez l’histoire du monde, aucune armée étrangère n’a réussi dans un pays qui n’était pas le sien. Aucune! Quelle que soit l’époque, quel que soit le lieu! »


Sarkozy président:
« Nous n’avons pas le droit de perdre là-bas. Nous n’avons pas le droit de renoncer à défendre nos valeurs. Nous n’avons pas le droit de laisser les barbares triompher. Car la défaite à l’autre bout du monde se paiera d’une défaite sur le territoire de la République française. »

dimanche 28 septembre 2008

Le pouvoir perdu des peuples.

"Le pouvoir ne souhaite pas que les gens comprennent qu'ils peuvent provoquer des changements"
Noam Chomsky

L'Afghanistan un pays à islamiser!

A la conclusion d un documentaire de Marianne Denicourt diffusé par Envoyé Spécial sur France 2 dont le sujet etait la drogue et les enfants des rues à Kaboul, une des meres de famille d'une association nous eclaire de son regard: déplorant la corruption, le terrorisme, la drogue, elle finit par dire: "L'Islam en Afghanistan n'a pas été réellement et pleinement essayé."
Dans sa dimension spirituelle émancipatrice et évélatrice pour l'Homme, en effet, quel constat et quel espérance pour ce Peuple et pour la Paix dans le monde (si nous occupons bien ce pays pour notre Sécurité et Liberté nous y gagnerons un temps et un coût précieux...).




samedi 16 août 2008

Devise de Sao Paulo

"Nào sou conduzido, conduzo!":
Je ne suis pas dirigé, je dirige.

Il y a pleins de grilles de lectures possibles.
Cette devise est "délicieusement" réactionnaire, révolutionnaire, surtout si l'on la lit dans son contexte historique brésilien.

lundi 4 août 2008

Les "Justes authentiques" selon R. A.Y. Kook.

« Les Justes authentiques ne se plaignent pas de l’injustice,
ils augmentent la justice
Ils ne se lamentent pas du manque de foi, ils intensifient la foi
Ils ne déplorent pas l’ignorance, ils accroissent la connaissance ».

R. A.Y. Kook, Appelé Tohar, 28

Comment fut inventé le peuple juif, par Shlomo Sand

Les Juifs forment-ils un peuple ? A cette question ancienne, un historien israélien apporte une réponse nouvelle. Contrairement à l’idée reçue, la diaspora ne naquit pas de l’expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. Voilà qui ébranle un des fondements de la pensée sioniste, celui qui voudrait que les Juifs soient les descendants du royaume de David et non — à Dieu ne plaise ! — les héritiers de guerriers berbères ou de cavaliers khazars.(...)


Premiers commentaires paru dans Haaretz en Mars dernier:
Shattering a 'national mythology'
Of all the national heroes who have arisen from among the Jewish people over the generations, fate has not been kind to Dahia al-Kahina, a leader of the Berbers in the Aures Mountains. Although she was a proud Jewess, few Israelis have ever heard the name of this warrior-queen who, in the seventh century C.E., united a number of Berber tribes and pushed back the Muslim army that invaded North Africa. It is possible that the reason for this is that al-Kahina was the daughter of a Berber tribe that had converted to Judaism, apparently several generations before she was born, sometime around the 6th century C.E. (...)

article paru dans Le Monde en 2002:
Israël : notre part de mensonge,
Nous savons depuis le XIXe siècle avec Ernest Renan que, pour édifier une nation, il faut non seulement se souvenir, mais aussi oublier.(...)


L'anthropologie des peuples et des religions demandent efforts et courages...
L'unicité mystifiée des peuples, la sacralisation des livres religieux et des terres sont des "mystères" quand on a pas les réponses et des "vérités" quand on a besoin de s'y appuyer pour s'affirmer, posséder, convertir. Ce livre était attendu depuis des mois. Il aurait été préférable symboliquement qu'il sorte pour le Salon du Livre de Paris... mais sa publication lors de l'anniversaire de la création de l'Etat d'Israël est déjà un symbole fort.
Le mouvement des "Nouveaux Historiens" en Israël s'enrichit d'un recueil fondamental. Il poursuit tous le travail sur l'histoire moderne d'Israël d'Ilan Pappé et bien d'autres.
Ces travaux sont politiquement très sensibles car la fragilité et la courte histoire mouvementé de ce pays peut souffrir de l'effritement de ses mythes fondateurs.




Hommage au géant Alexandre Soljenitsyne!

"Quelqu'un que vous avez privé de tout n'est plus en votre pouvoir. Il est de nouveau entièrement libre."
Extrait de Le Premier Cercle

"Le sot aime à faire la leçon, le malin préfère la recevoir."

Malalaï Joya, une afghane contre l'occupation, la corruption et l'integrisme

Qualifiée de «femme la plus courageuse d'Afghanistan», Malalaï Joya, élue députée au parlement de Kaboul mais exclue au terme d'une procédure scandaleuse, rêve qu'une femme prenne un jour les rênes de l'Afghanistan.

Mon nom, Malalaï Joya, ne tient pas du hasard. C'est mon père qui a choisi le prénom de l'aînée de ses dix enfants en souvenir d'une héroïne de l'histoire afghane, Malalaï de Maiwand, qui s'est rendue en 1880 sur un champ de bataille afin de combattre les Britanniques. Une femme valeureuse, prête à se sacrifier pour son peuple et ses idées. Je me sens sa disciple. Quant au nom de Joya, c'est moi qui l'ai choisi. Normalement, une femme ne porte que le nom de son père puis de son mari. Moi, j'ai décidé de reprendre le nom d'un combattant pour la liberté qui a été exécuté après avoir refusé les ultimes compromis qui auraient sauvé sa tête. J'adore cet homme, et j'endosse son héritage. J'ai 30 ans, je ne veux pas mourir, mais je suis prête, comme lui, à risquer ma vie.
J'ai demandé deux minutes de parole au nom de la nouvelle génération. Et je me suis lancée, dénonçant la présence de ces félons, résolument anti-femmes, qui avaient mis le pays en ruine et méritaient d'être traduits en justice. Il y eut un grand blanc. Et puis soudain un vacarme effroyable. Ils étaient tous debout levant le poing, hurlant des injures, demandant qu'on m'expulse, exigeant des excuses. Plutôt mourir!

Des foules m'attendaient à mon retour en province. On me criait bravo, merci. On m'offrait des arpents de terre et des bagues de mariage. On me disait de continuer à lutter contre les criminels qui s'étaient peut-être coupé la barbe mais demeuraient les mêmes. Et on me demandait de me présenter aux prochaines élections. Je n'avais pas le droit de me dérober.

C'est ainsi que, en novembre 2005, j'ai fait mon entrée au nouveau parlement afghan. Et c'est là que, après ma dénonciation de la présence des seigneurs de la guerre et des corrompus de l'opium, on m'a joué les pires tours, coupant mon micro et menaçant, à l'intérieur même de l'hémicycle, de me violer, de me tuer... «y compris par un attentat suicide»! Ils ont d'ailleurs fini par voter mon exclusion. Il y a eu des manifestations de soutien, des appels internationaux, Rien n'y a fait
Je rêve qu'on démasque les criminels corrompus qui gouvernent ce pays et s'engraissent de l'opium et de l'aide occidentale quand 70% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, que 98% n'ont pas accès à l'électricité et qu'on s'enfonce dans l'insécurité. Je rêve de voir cette clique de la trempe des Hitler, Mussolini, Pinochet, Khomeiny, comparaître devant la justice internationale.
Je rêve qu'on cesse de mélanger islam et politique, et que l'Afghanistan, débarrassé de l'occupation étrangère, devienne une grande démocratie laïque. L'islam est dans notre cœur et notre esprit. Il ne doit pas servir à manipuler l'opinion.

A la conclusion d 'un documentaire diffusé sur France 2 dont le sujet etait la drogue et les enfants des rues à Kaboul, une des meres de famille d'une association nous eclaire de son regard: déplorant la corruption, le terrorisme, la drogue, elle finit par dire: "L'Islam en Afghanistan n'a pas été réellement et pleinement essayé."
Dans sa dimension spirituelle salvatrice, émancipatrice et évélatrice pour l'Homme, en effet, quel constat et quel esperance pour ce peuple et pour la Paix dans le monde (si nous occupons bien ce pays pour notre Sécurité et Liberté...).



Festivals Arabes, il n'y a pas que les guerres et l'integrisme...

Il est utile de rappeler que le Proche Orient Arabe n'est pas le creuset des guerres et des integrismes notamment dans des médias trop focalisés à la diabolisation de ces populations. A quelles fins...?
il n'y a pas que le grand Festival de Baalbeck et qui attire depuis 1956 jusqu'à 40 000 spectateurs.
Les jeunes font la fête ensemble à Beyrouth, un grand DJ se produit en Syrie devant 6 000 personnes etc....

LIBAN et SYRIE:
Beyrouth est la capitale de la night life au Moyen-Orient. World hold on… Parce que des milliers de Libanais(15 000) sont capables de se réunir sous un même toit – celui du BIEL – rien que pour vibrer aux rythmes de la musique dance du DJ le plus en vogue mondialement, Bob Sinclar
Bob Sinclar vient de Syrie où il a joué devant six mille personnes. « C’était incroyable, inespéré. Pour arriver de Turquie en voiture c’était très dur, mais cela valait vraiment la peine. On m’a demandé de me rendre en Syrie et j’ai dit oui. Il n’y a que la musique qui compte. J’irai d’ailleurs bientôt jouer à Tel-Aviv, j’irai à Bagdad s’il le faut », affirme Bob Sinclar d’une traite.
JORDANIE:
La Jordanie redore son image en accueillant les stars dans ses vieilles pierres
Le Jordan Festival, mis sur pied en quelques mois, aligne les célébrités, de Diana Krall à Placido Domingo. Mais sa première édition, qui continue jusqu'au 9 août, s'est heurtée à quelques difficultés. Reportage.

Anthrax, la poudre à aveugler les peuples!

Le scénario fou de l'enquête sur l'anthrax
ETATS-UNIS. Un suspect suicidé, un autre fait millionnaire. Les attaques de 2001 se perdent dans le labo des Dr Folamour du bioterrorisme. par Alain Campiotti (Letemps.ch)
Même Hollywood n'en voudrait pas: trop invraisemblable. Le FBI va refermer cette semaine son enquête fleuve sur la série d'attaques à l'anthrax qui avaient paniqué les Etats-Unis en octobre 2001, et c'est un scénario fou. Mardi dernier, les agents fédéraux avaient rendez-vous avec Bruce Ivins, microbiologiste au laboratoire militaire de Fort Detrick, au nord de Washington. Ils voulaient lui proposer un marché, un plea bargain à l'américaine: s'il avouait les crimes de 2001, sa vie serait épargnée. Mais Ivins est mort le matin même d'avoir avalé l'avant-veille une dose massive d'acétaminophène. C'était le second coupable. Le premier, Steven Hatfill, un collègue de Bruce Ivins dont la vie a été détruite par les soupçons, a reçu en juin 5,8millions de dollars et des excuses fédérales.(...)

Cette affaire dont voici un article de l'époque, a été un des éléments de la communication afin de préparer les peuples occidentaux à la guerre 'pour le Bien et contre le Mal", pour la "Civilisation". Rendre la guerre juste pour nous protégér (guerre "préventive") et eclairer de notre civilisation les peuples opprimés par leurs cultures, religions elles-memes (sauver les femmes du voile, du joug des hommes et de l'islam, par exemple)....

Juste pour équillibrer, voici la note oringale de l'ONU où Powell explique la menace irakienne et terorriste et ici, un résumé de son exposé .
Puis de ses "regrets" sans explications ni excuses aux peuples occupés et tués....
Mais ses regrets sont symboliquements immenses! En effet, ils ne sont pas l'oeuvre d'un anti-américain "primaire".

Alors qu'en penser?
A l'heure des élections américaines, des projets de redéploiement des troupes US, Noam Comsky propose une explication ainsi qu'une solution.
A une occupation et l'anéantissement d'un pays pour principalement, une raison énergétique, il faudra avoir le courage d'ouvrir un procès de type Nuremberg ("Why don't we apply the Nuremberg principles to ourselves?").
Pour que les mots, valeur, civilisation, justice, verité, sonnent juste à nos lèvres.
Extrait:
Another taboo topic is public opinion in Iraq, which is something that you have studied a lot in terms of polling results. [The unpopularity of the U.S. and its troops reached 90 percent in 2004 among Iraqis, as Chomsky notes in Failed States]. Why are these taboo topics?
What we should ask is, should Bush, Cheney, Rumsfeld, and Wolfowitz be put on trial for war crimes?
Why not? The Iraqis seem to think so. The Iraqis believe that the U.S. is responsible for the sectarian violence and atrocities, and that it should get out. That means that the Iraqis are following the principles of the Nuremberg judgment.
We hanged Nazis as war criminals on the basis of their aggression. Aggression is called the “supreme international crime,” encompassing all that follows. Therefore, why don’t we apply the Nuremberg principles to ourselves? The question is so deeply hidden that it would be incomprehensible to the educated classes [in America].

To answer your question: George Orwell gave the basic explanation in the unpublished introduction to Animal Farm that was found in his papers after his death. He writes that the book satirizes totalitarian societies, but that his readers should recognize that in free England, unpopular ideas can be suppressed without the use of force. That results in part from the fact that the press is owned by wealthy men who have every reason not to want certain ideas to be expressed. And in part because if you’re well educated, you have instilled in you an unquestioning acceptance of the words of the powerful. Oversimplified, but essentially accurate.

dimanche 3 août 2008

Les Ouïgours de Chine, ethnie présumée terroriste!

CHINE. La répression de la minorité musulmane du pays augmente avec la préparation des Jeux olympiques.(Sylvie Lasserre, Letemps.ch)

Il semblerait que les autorités chinoises n'aient de cesse que tous les Ouïgours - première minorité du pays, turcophone et musulmane - aient plié l'échine jusqu'à terre. A l'automne dernier, Pékin a confisqué les passeports de toute la communauté, pour de prétendues vérifications. Résultat: aucun Ouïgour ne peut quitter le pays, faute de papiers d'identité. Derrière cela? Empêcher ces musulmans de se rendre en masse au pèlerinage de la Mecque. «Ils craignent des rassemblements importants loin du contrôle de Pékin», explique un Ouïgour qui vit à l'étranger. Afin de ne pas se voir reprocher l'interdiction des pèlerinages, les autorités ont instauré un quota: 5000 fidèles sur 9 millions d'Ouïgours vivant en Chine (plus nombreux que les Tibétains).

Depuis le 11 septembre 2001, Pékin a pris le parti de présenter l'ETIM (East Turkestan Islamic Movement), un mouvement séparatiste ouïgour, comme étant connecté à Al-Qaida, et tout mouvement protestataire comme terroriste. L'aubaine, aujourd'hui, pour les autorités de Pékin, ce sont les Jeux olympiques. Et la fameuse «menace terroriste» qui est supposée planer sur l'événement.

Autres articles:
Sans bruit, la culture de la minorité musulmane du Xinjiang cède le pas face à la colonisation chinoise. Comme les Tibétains, les Ouïgours sont condamnés à l’assimilation ou à la répression.

Paru dans Le Monde Diplomatique:
Pékin face au mouvement national ouïgour
VASTE région, en partie désertique, à la périphérie occidentale de la Chine, le Xinjiang, autrefois appelé Turkestan oriental, est le lieu, depuis quelques années, d’une agitation de la part de la minorité ouïgoure. Aux bombes et aux attentats, Pékin répond par la manière forte. Une évolution comparable à celle qui a donné naissance, de l’autre côté de la frontière, après l’implosion de l’Union soviétique, aux républiques indépendantes d’Asie centrale paraît ici tout à fait exclue. Ce que déplorent les Ouïgours, installés de plus ou moins longue date au Kazakhstan et qui rêvent d’un pays libre.
Assimilation forcée dans le Xinjiang chinois
En estimant que la communauté internationale doit renforcer sa coopération dans la lutte contre le terrorisme, la Chine entend avant tout faire accepter la politique qu’elle mène dans sa province musulmane du Xinjiang au prétexte que les séparatistes y ont recours à des « pratiques terroristes ». Alors que les rapports de forces ne laissent aucun espace aux demandes de dialogue des populations locales, non seulement les efforts de Pékin ne suffisent pas à enrayer le nationalisme ouïgour, mais cette répression sans nuances ne fait que renforcer la montée en puissance d’un islam identitaire « de combat ».

Rapport d'Amnesty international:
http://www.amnesty.org/fr/library/info/ASA17/021/2004


Ah oui, j’oubliais : le Xinjiang est une des régions de Chine les plus riches en ressources naturelles (elle renferme les plus importantes réserves de pétrole et de gaz naturel de l’Empire chinois)... mais cela n’a évidemment aucun rapport avec le reste...

dimanche 27 juillet 2008

De la démocratie par Noam CHomsky

"Le pouvoir ne souhaite pas que les gens comprennent qu'ils peuvent provoquer des changements".

"La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures".

Noam Chomsky

mercredi 23 juillet 2008

Immigrés morts sur la plage. Et vous qu'auriez-vous faits?

Samedi, près de Naples, deux sœurs sont mortes noyées. L'indifférence de certains vacanciers, dont témoigneraient des photos, choque l'Italie. La presse britannique,elle, fait l'amalgame avec la campagne anti-Roms lancée par Berlusconi et une xénophobie qui serait croissante en Italie. Décryptage.


Du discours de Sarkozy sur l'Afrique "sans Histoire" et les Noirs "vivants au rythme des saisons", puis sur l'immigration choisie (quotas par ethnies et branches de metiers),et enfin sur la rétention de clandestins dont des bébés tels des criminels (dans des conditions inommables), amènent à cette indifférence criminelle et barbare.

Même si le sujet ici est italien, que les fillettes sont roumaines, le cheminement idéologique reste le même. La xénophobie de la politique française et italienne, les jeux de récupérations de l'électorat d'extrème droite, conduisent à cette inhumanité. Nous perdons le sens profond de "nos" valeurs, de "notre" civilisation, en nous enfermant sur nous-mêmes puis en niant l'humanité de l'Autre.

Ceux qui lisent cet article et se disent " bah, elles n'avaient pas qu'à venir chez nous!" sont bien dans ce cheminement regressif.

Anarchists against the Wall.

Who We Are
Anarchists Against the Wall (AATW) is a direct action group that was established in 2003 in response to the construction of the wall Israel is building on Palestinian land in the Occupied West Bank. The group works in cooperation with Palestinians in a joint non violent struggle against the occupation.

Since its formation, the group has participated in hundreds of demonstrations and direct actions against the wall specifically, and the occupation generally, all over the West Bank. All of AATW's work in Palestine is coordinated through villages' local popular committees and is essentially Palestinian led.

Why We Resist
It is the duty of Israeli citizens to resist immoral policies and actions carried out in out name. We believe that it is possible to do more than demonstrate inside Israel or participate in humanitarian relief actions. Israeli apartheid and occupation isn't going to end by itself - it will end when it becomes ungovernable and unmanageable. It is time to physically oppose the bulldozers, the army and the occupation.

Ce groupe notament est en lien avec le site de Bil'in. Main dans la main avec des Palestiniens , ces israeliens se battent contre toute forme d'appartheid, de mur, de colonisation de la Palestine. Sans arme et en fraternité face à l'armée israélienne et au sionisme. Seul ce type d'organisation est à même d'offrir une réponse à l'approche ethnique territoriale et religeuse du sionisme, approche que même les élements les plus extrèmes de la la droite occidentale n'osent exprimer.

mardi 22 juillet 2008

De l'ensauvagement du colonisateur.

Comme le disait Césaire, il faut decrypter, dénoncer puis plaindre l'ensauvagement du colonisateur qui chemine de l'indolence à la violence faite à l'Autre jusqu'au déni même de son existance. Cet ensauvagement, c'est cet aveuglement de l'Autre mais aussi la conséquence qui est le déni de soi et de ses propres valeurs. La haine des autres, conséquence et/ou origine de la haine de soi.
Depuis des semaines l'association B'Tselem nous propose des vidéos édifiantes de certains comportements du colonisateur israélien, civil ou militaire. Ces informations sont à l'opposé des porte paroles officiels de "Tsahal".
Il y a donc des gens en Israel , des Juifs de part le monde qui s'indignent et se soulèvent, en voici encore un autre exemple:

Des militants anti-apartheid juifs sud-africains "choqués" par leur visite en Cisjordanie occupée (LeMonde)
(...)Ce qui a frappé ces vétérans de la lutte anti-apartheid est le poids de l'occupation, l'importance des restrictions et la volonté d'établir une séparation complète. "La présence de l'armée partout, ces files d'attente aux check-points, ces raids de soldats sont pour moi pire que l'apartheid. Cela ne fait aucun doute. C'est plus pernicieux, plus sophistiqué grâce aux ordinateurs, qui n'existaient pas à l'époque. Ce sont des méthodes déshumanisantes", insiste le juge Dennis Davis."

dimanche 13 juillet 2008

Terrorisme, Realpolitic et manipulation des masses.

Où l'on apprend par cet article que le grand Mandela était qualifié de terroriste aux yeux du gouvernement américain. N'est-ce pas une regression civilisationnelle qu'un des plus grand symbôle de la lutte contre le racisme et l'apartheid nous doivent être considéré comme un terroriste? C'est édifiantqu'il ai fallut attendre 2008 pour rectifier l'erreur.
Prenant au mieux l'aspect pragmatique, cynique et intéressé de la realpolitic à l'américaine, cette dépèche m'ouvre des perspectives de reflexion sur les causes, objectifs et conséquences de nommer telle ou telle organisation de terroriste.

En dernière minute nous apprenons qu'un conseiller de McCain, Charlie Black, à anoncé qu'un attentat «serait un gros avantage» pour le candidat républicain à la Maison Blanche (Fortune magazine). Le camp Obama a aussitôt dénoncé une stratégie «de la peur».

Dans une démocratie, ces choix orientent les peurs des foules et leur permettent potentiellement d'accepter contraintes sécuritaires, campagnes militaires extérieures, occupations, guerres, etc....
D'où la citation de Stendhal en sous-titre du blog.



Bush signe une loi en vue de retirer Mandela d’une liste terroriste américaine

WASHINGTON, 1er juillet (Xinhua) — Le président américian George W. Bush a signé mardi une loi en vue de retirer l’ancien président sud-africain Nelson Mandela ainsi que son parti d’une liste américaine répertoriant des terroristes.
M. Mandela et les autres membres de son parti, le Congrès national africain (ANC), figuraient sur la liste en raison de leur combat contre l’apartheid en Afrique du Sud, qui a été remplacé par la règle de la majorité en 1994.
La loi, adoptée la semaine dernière au Congrès américain, permet au département d’Etat et au département de la sécurité nationale de lever les restrictions sur les membres de l’ANC.

jeudi 19 juin 2008

Virginité et indignation artificielles.

En France nombre de "faiseurs d’opinion", à commencer dans le journal Libération, se sont emparés avec délices du jugement émis par le tribunal de Lille annulant un mariage en raison d'un différend sur une question de virginité. Bien que ce soit rarement dit aussi crûment, il est évident que le principal "intérêt" de cette histoire réside dans le fait que l’homme et la femme concernés par cette décision de justice sont de religion musulmane. On en arrive à penser que saisir n’importe quel prétexte susceptible de nourrir la peur et le rejet impulsif de tout ce qui est arabe et/ou musulman est pour certains, non pas le fruit de la simple ignorance, mais bien le résultat d’une volonté délibérée de créer dans l’opinion des sentiments de détestation, pour ne pas dire de haine…De même qu’il faut sans cesse rappeler que musulman et arabe ne sont pas des synonymes, il faut aussi marteler, encore et encore, qu’il n’y a pas un islam, figé dans une réalité inamovible quel que soit le lieu et le temps, mais des pratiques qui évoluent et se modifient, comme dans toutes les religions d’ailleurs. (Il suffit de penser aux positions des autorités chrétiennes, et des pratiquants, sur la question de la virginité.)Les choses sont donc en constante évolution, dans un monde arabe bien plus proche de nous qu'on ne le croit, au contraire de ce qui est sans cesse répété. Si la virginité y conserve une grand part de sa valeur symbolique, elle est en train de perdre de sa "valeur réelle" car il y est désormais assez facile de "refaire" médicalement une virginité de plus en plus souvent "perdue" à l’occasion de relations sexuelles prémaritales. C’est apparemment au Maroc que les prix sont les plus bas : environ 70 dollars (300 dinars). En Tunisie, l’opération – le plus souvent réalisée au laser – coûte davantage, 300 dollars à peu près. Aujourd'hui, dans bien des familles, la virginité de la jeune épousée est tout aussi symbolique pour les participants à la noce que peut l'être, dans ce rite social, le "blanc virginal" de la robe de mariée dans nos contrées.Il reste que la virginité demeure sans aucun doute une "valeur" socialement très importante mais, comme le soulignent des sexologues et sociologues, au Maroc notamment, la possibilité d’obtenir une sorte de "virginité artificielle" (بكارة إصطناعية) ne peut qu’accélérer une évolution des mœurs, bien réelle déjà au regard du nombre de femmes qui ont déjà eu recours à cette opération.Quant au rôle de l'islam, dont la presse française fait plus que suggérer qu'il est la principale cause de cette fixation des mâles arabes sur la virginité de leurs femmes, il est intéressant de constater que les autorités religieuses sont loin d'être unanimes sur la question. En fait, certaines d’entre elles défendent la "solution" chirurgicale qui, dans le contexte actuel des évolutions sociales, leur paraît un bienfait pour certaines femmes. Mais si les choses sont à l'évidence plus compliquées, on a le droit de penser qu'il y a quelque chose de très "artificiel" à ce que la chirurgie soit, dans nombre de familles arabes, une "solution" à la question que pause la perte de la virginité à ce qu'elles croient être leur "honneur". D'un autre côté, l'unanimité qui s'est faite à l'encontre de la décision du tribunal de Lille paraît, dans le contexte français, pour le moins... artificielle elle aussi !

Pour une réflexion, d'un point de juridique notamment, sur cette question, voir cet excellent billet paru dans Le journal d'un avocat.

http://www.maitre-eolas.fr/2008/05/30/969-n-y-a-t-il-que-les-vierges-qui-puissent-se-marier

Vétérans patriotes, contre la guerre en Irak.

Des patriotes américains contre l'occupation et la guerre en Irak. Est-il permis pour un non-américain d 'être contre cette guerre et être en même temps amoureux de cette culture et ce pays? JE pose la question car la droite bornée française a répondu. Mon opposition farouche à cette invasion m'a valu d'être traité d'anti-américain primaire ( à droite tout devient primaire quand on est contre eux. C'est leur esprit ouvert et pragmatique), puis bien sur de vouloir faire le jeu de Ben Laden, du terrorisme, de l 'slamisme et de vouloir défendre la présence des dictateurs du monde nottament arabe, de mettre en sursis la sécurité du monde, du Proche-Orient et donc d'Israel, et donc s'être accusé de flirter avec l'antisémitisme.
A la vue du désastre humain je ne regrette pas. bien au contraire! Je n'oublierai pas ceux qui m'auront traité ainsi. La brutalité des opinions de la droite française n'est que l'arrière goût nauséabonde de cette guerre (j'exclue de mon propos le ministre Villepin et le président Chirac).



A 26 ans, Adam Kokesh est un vétéran d'Irak qui s'oppose aujourd'hui à la guerre. Ce marine, qui a servi dans les affaires civiles, près de Fallouja, s'était engagé par choix. Son interview vidéo.

les vétérans témoignent de leur sale guerre (paru en anglais sur Slate.com , le 18.06.08)
(...)Cinquante-cinq anciens combattants américains s'apprêtaient à témoigner sur les guerres menées en Irak et en Afghanistan, que les membres d'IVAW qualifient d'"occupation". Une conférence modelée sur celle du Vietnam en 1971, qui avait révélé les crimes de guerre, violations des droits de l'homme et gâchis militaire qui se déroulaient alors au Vietnam.
L'IVAW a trois objectifs: le retrait immédiat de toutes les troupes américaines d'Irak et d'Afghanistan, des compensations au peuple irakien, et des soins médicaux fiables pour tous les anciens combattants de ces guerres(...).Lire la suite sur le site Rue89.com.
Témoignage d'un soldat sur l'entrainement à la déshumanisation de "l'énenmi":

Autres sites de véterans:

Veterans for Peace.
The organization includes men and women veterans of all eras and duty stations. Our collective experience tells us wars are easy to start and hard to stop and that those hurt are often the innocent. Thus, other means of problem solving are necessary.
Veterans For Peace is an official Non-Governmental Organization (NGO) represented at the UN.

We draw on our personal experiences and perspectives gained as veterans to raise public awareness of the true costs and consequences of militarism and war - and to seek peaceful, effective alternatives.
Some major areas of concern and involvement are:
WAR IN IRAQ:
When our government threatened invasion, we conducted public forums, met with elected representatives and participated in marches to express our opposition. As the war began, we gathered in Washington, DC, with other veterans groups for Operation Dire Distress. Since then, we joined together with Military Families Speak Out and others in the Bring Them Home Now campaign and supported recently returned vets who formed the Iraq Veterans Against the War. Local chapters continue to conduct educational forums, demonstrations and ongoing Iraq memorial displays, such as Arlington West, to remember the growing human cost of the war, to end the occupation and to bring our troops home now!

Just foreign Policy.
Just Foreign Policy is an independent and non-partisan mass membership organization dedicated to reforming U.S. foreign policy through coordinating the broad majority of Americans to advocate their interests and values.

mercredi 18 juin 2008

Voulons-nous encore faire la guerre?

Article édifiant du Figaro Magazine par Annet Sauty de Chalon 16/06/2008. Stéréotype des déclinologues de la droite conservatrice (type Alexandre DelValle, Lepen). Un condensé de toute cette régression civilisationnelle contre laquelle je me révolte. C'est à dire, la nostalgie du temps des occupations coloniales, des guerres préventives et de l'asservissement des autres peuples qui sont d'indispensables prix humains et moraaux pour la survie et/ou suprématie de la civilisation occidentale. Bien sur, aucune dimension humaniste ou religieuse n'est présente sauf dans le cadre de la galvanisation des foules afin lutter à mort pour leur salut. (notre fanatisme serait ici donc plus "licite" que celui de nos voisins!).
Une "pensée" totalitaire, violente, militariste, exclusiviste, machiste, xénophobe et raciste, terreau des sombres heures de l'Europe.
Effrayant!
La France renforce sa présence en Afghanistan, mais, contraintes budgétaires obligent, resserre le dispositif de ses armées. Au-delà, il s’agit d’évaluer notre aptitude au combat.
Avant 1989, le monde libre identifiait une menace à la frontière ; depuis le 11 Septembre, il n'y a plus de frontière à la menace ! Certes, l'Occident se trouve seul en mesure de projeter partout sa puissance de feu. Mais si un tel atout, nucléaire ou classique, reste adapté à des périls bien réels, il devient aussi dissuasif qu'une ligne Maginot quand l'ennemi se confond avec son milieu. Or, la « dimension sociale » des conflits, souligne le géopoliticien Gérard Chaliand (1), devient prépondérante.

Déjà, les masses du Sud sont dopées par une mémoire anticoloniale victorieuse. « Avant la Seconde Guerre mondiale, observe Chaliand, les troupes européennes peu nombreuses l'emportaient sur des armées locales considérables ; dé sormais, des armées européennes nombreuses ne parviennent pas à réduire des guérillas aux effectifs limités » (2), et ce, malgré des dépenses mili taires faramineuses. L'argent ne sera pas le nerf de cette guerre : une spirale perverse dessine même « le spectre d'une strangulation financière du Fort, asphyxié au fil du temps par la rusticité du Faible », comme le remarquent Arnaud de La Grange, grand reporter au Figaro, et Jean-Marc Balencie, un spécialiste des questions stratégiques (3).
Les guerres asymétriques sont en fait beaucoup moins inégales qu'il n'y paraît. Comme le Faible ne s'avoue jamais vaincu, tout conflit dégénère en guerre d'usure. Et, dans cette « drôle » de guerre, le Fort devient captif de son opinion publique. Les pays de l'Otan tous ensemble perdent chaque année quelque 200 soldats, et cela est vécu comme un drame ! Le monde européen, il est vrai, ne représente plus que 15 % de la planète, contre 30 % avant 1940 : quand on a peu d'enfants, on tient d'autant plus à leur vie.
De surcroît, la spécialisation du métier des armes engendre ce que l'historien Stéphane Audouin-Rouzeau appelle « une démilitarisation profonde de nos sociétés ». (4) Or, bien plus que « la continuation de la politique par d'autres moyens » (Clausewitz), la guerre est un « acte culturel » par lequel un peuple se perpétue pour ne pas sortir de l'Histoire. Ainsi, que l'on n'ait pas su, en 1991, combien de soldats irakiens avaient péri sous le feu de l'offensive américaine constitue, pour Gérard Chaliand, « le signe d'une mutation de la sensibilité occidentale, qui ne peut plus supporter les pertes infligées à l'ennemi ». En refoulant « le plaisir de tuer et de détruire » (Norbert Elias), nos sociétés ne s'exposent-elles pas à l'instinct d'expansion des peuples féconds ?

Chez nous, cette vulnérabilité née du traumatisme de la der des ders tient à l'ébranlement de tout un édifice. Dans la famille, le père est périmé, de même qu'à l'école, l'obéissance au maître. Un rousseauisme maternant domestique très tôt l'agressivité naturelle. Le curé, autre image du pater, devient animateur social. L'Eglise-ONG, en canalisant les consciences sur les fins en soi du « dialogue » et de « l'accueil », les anesthésie par une rhétorique désarmante. Le sacré, dans sa beauté irradiante, situait la hauteur de l'enjeu dans l'au-delà. Jusqu'à la mort, le croyant ne devait jamais cesser le combat pour espérer le salut. La perte du sens tragique, aujourd'hui, est amplifiée par le dieu Télévision, lequel nous divertit, c'est-à-dire nous détourne de nous-mêmes. Le tsunami consumériste emporte des générations entières dans une insouciance d'adolescent. La sous-culture de masse déracine le génie propre : on ne participe plus à son histoire ; on la conserve au musée.
Sur le front économique, l'obsession du risque zéro, le culte du temps libre, l'emploi protégé et la lourdeur étatique torpillent la volonté de gagner, sans oublier l'écologisme qui fait de notre modèle dominant une nuisance pour l'humanité. La mondialisation, vue comme une agression, provoque une crispation sur le pré carré local, à l'image de l'engouement pour les Ch'tis. En fait, le dessein intelligent de l'histoire collective est enterré, au profit de mémoires particulières. La patrie rime avec extrémisme ; la repentance postule la honte et la haine de soi. Un néant se forme qui s'incarne aussi dans la dilatation de l'espace européen, où toute épopée nationale est rendue inintelligible.
L'abandon du service militaire aggrave le décrochage. Quant à l'oxymore « soldat de la paix », sans champ de bataille ni champ d'honneur, il ne sublime pas les cSurs. Qui peut vibrer pour des principes kantiens ? Les ambitions inassouvies trouvent un exutoire dans le stade, seul lieu autorisé pour agiter le drapeau. Pour ce qui est des banderoles... Enfin, le morcellement ethnique rétrécit l'horizon : les « quartiers » remplacent le territoire. N'y pénètre pas qui veut. Cette nouvelle donne hypothèque toute union sacrée autour d'un idéal à la fois supérieur et commun. Tirer les leçons du conflit libanais ou balkanique paraîtrait nécessaire.

Plus globalement, la réalité impose une réflexion sur la « fragilité métaphysique » de la démocratie, « mécanisme corrosif qui n'a plus de limites ni de fin » aux yeux du philosophe André Grjebine (5). Ancrées dans un passé mythifié ou une Révélation, luttant pour leur survie, les « sociétés fermées » du Sud sont aptes au combat. Saurons-nous leur répondre ?

lundi 16 juin 2008

Hommage à Germaine Tillion, l'ethnologue résistante, humaniste, de Ravensbrück aux Aurès.


"L'asservissement ne dégrade pas seulement l'être qui en est victime, mais celui qui en bénéficie".

« Le terrorisme est la justification des tortures aux yeux d'une certaine opinion. Aux yeux d'une autre opinion, les tortures et les exécutions sont la justification du terrorisme.» (Les Ennemis complémentaires, 1960, p. 47)

C'est une grande dame qui vient de mourir. Et tout d'abord une grande résistante, qui, dès juin 1940, refusera la soumission de la France à l'Allemagne nazie. Avec le colonel Paul Hauet, elle s'engage dans l'action clandestine et rejoint le groupe du Musée de l'Homme, l'un des premiers réseaux de résistance. A 34 ans, cette intellectuelle, fille des créateurs des Guides bleus, assure des reponsabilités de premier plan (filières d'évasion, renseignement, tracts et journaux...) Elle est arrêtée le 13 aout 1942, puis déportée à Ravensbrück, comme Nacht und Nebel c'est-à-dire vouée à disparaître dans "la nuit et le brouillard".

Libérée le 23 avril 1945, elle rapportera de déportation un livre collectif Ravensbrück, qui en 1946, explique le système concentrationnaire. Et également une opérette ! Le Verfügbar aux enfers ne sera joué pour la première fois qu'en juin 2007 au Théatre du Châtelet. Engagée dans la connaissance de la déportation, elle dénonce, dès 1949, le Goulag soviétique.

Ethnologue, formée par Marcel Mauss et Louis Massignon, elle est une spécialiste des Berbères. Avant guerre, elle effectue de nombreux séjours parmi les tribus d'Algérie, mais sa thèse est perdue lors de sa déportation. Elle publiera plus tard, en 1966, "le Harem et les cousins", considéré par les spécialistes comme un classique de l'ethnologie. De retour en Afrique du nord dans les années 50, elle constate la "clochardisation" des populations indigènes et s'engagera, en 1957, contre la pratique de la torture en Algérie. Gaulliste et catholique, elle servira à plusieurs reprises de contact entre les autorités françaises et les militants algériens.

Lorsqu'en 2000 la polémique resurgît sur la torture (l'affaire "Aussaresses"), Germaine Tillion signe l'appel des Douze, soutenue par le journal communiste l'Humanité. C'est dans L'Huma qu'elle expliquera le mieux sa position humaniste: "Il faut punir les actes mais (...) il faut avoir un peu pitié des gens qui les ont commis…"
http://www.liberation.fr/culture/322126.FR.php

Son parcours détaillé:
http://www.herodote.net/articles/article.php?ID=317
Ses combats:
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/01/RIPOLL/14673

« ...Je n'ai pas « choisi » les gens à sauver : j'ai sauvé délibérément tous ceux que j'ai pu, Algériens et Français de toutes opinions. Je n'ai ni cherché ni (certes) désiré les périls représentés par l'entreprise qui me fut proposée en juillet 1957: exactement, c'est l'entreprise qui est venue me tirer par la main.
« Il se trouve» que j'ai connu le peuple algérien et que je l'aime ; «il se trouve » que ses souffrances, je les ai vues, avec mes propres yeux, et «il se trouve » qu'elles correspondaient en moi à des blessures ; «il se trouve», enfin, que mon attachement à notre pays a été, lui aussi, renforcé par des années de passion. C'est parce que toutes ces cordes tiraient en même temps, et qu'aucune n'a cassé, que je n'ai ni rompu avec la justice pour l'amour de la France, ni rompu avec la France pour l'amour de la justice.» (lettre ouverte à Simone de Beauvoir, 1964- A la recherche du vrai et du juste, p.259)

la Colonisation vue par Fellag!


Petit extrait video corrosif sur la vision de la colonisation par Fellag. L'auto-dérision à son paroxisme!

Voir aussi sur son site la présentation de son nouveau spectacle: "Tous les Algériens sont des mécaniciens".
http://www.fellag.fr/

"Dans la rue, il suffit qu’un chauffeur ouvre le capot de sa voiture pour que des dizaines de passants s’agglutinent autour et pointent leur nez dans le moteur pour voir ce qui ne tourne pas rond là-dedans. Pendant que quelques-uns demandent au propriétaire malchanceux ce qui s’est passé exactement et se renseignent sur l’indice qui a précédé la panne, d’autres se penchent pour déterminer la provenance de la faille. Ils passent en revue les différents composants du moteur et instaurent un débat riche et contradictoire sur les origines et les raisons de l’incident.
Le moteur d’une voiture est le seul endroit du pays où la démocratie s’exerce en toute liberté, égalité, fraternité. Chaque citoyen quelle que soit sa tendance politique ou religieuse est libre d’émettre, sans risque, son avis et le confronter à ceux des autres. Vous pouvez être démocrate, apostat, islamiste, évangéliste, athée, hindouiste, scientologue, blanc, jaune, noir, un idiot international, un imbécile du Djurdjura ou un crétin des Alpes… devant un carburateur grippé, une batterie à plat, un radiateur qui fuit, la nature humaine renoue avec la fraternité originelle."

"Roots", la série culte télévisée sur l'esclavage afro-américain

Cent soixante ans après l’abolition de l’esclavage par la France, et alors que l’Amérique se demande si son prochain président sera "noir"(métisse), ARTE retrace le combat des Afro-Américains pour l’émancipation, et au passage, tend un miroir au passé esclavagiste et colonial de la France.

Adaptation du roman d’Alex Haley, couronné du prix Pulitzer, cette saga familiale retraçant la douloureuse destinée de l’Africain Kunta Kinté, capturé puis réduit en esclavage, et de ses descendants, rencontre un succès d’audience aussi énorme qu’inattendu aux Etats-Unis.

C’est la première fois aux États-Unis, qu’une série télévisée aborde le sujet encore brûlant de l’esclavage et du racisme en donnant aux personnages noirs une réelle identité. En cela, la diffusion de Racines marque une date dans l’histoire des représentations audiovisuelles des Afro-Américains. Loin des clichés de l’Oncle Tom, domestique obéissant ou victime opprimée, les héros sont ici des individus à part entière, avec un passé et une mémoire familiale. Initiée par Marvin J. Chomsky, Racines permit à d’innombrables téléspectateurs de découvrir la dureté de la réalité cachée derrière l’imagerie romantique véhiculée jusque-là, notamment par Autant en emporte le vent. Formidablement interprété, Racines a conservé toute sa force et son pouvoir d’émotion.

Ibn Arabi et l'Amour


"Prodige ! Une jeune gazelle voilée
Montrant de son doigt pourpré et faisant signe de ses paupières!
Son champ est entre côtes et entrailles,
O merveille, un jardin parmi les flammes !
Mon coeur devient capable de toute image:
Il est prairie pour les gazelles, couvent pour les moines,
Temple pour les idoles, Mecque pour les pèlerins,
Tablettes de la Torah et livre du Coran.
Je suis la religion de l'amour, partout où se dirigent ses montures,
L'amour est ma religion et ma foi."


Ibn 'Arabi, (Murcie, 1165 — Damas, 1240)

L'Algérie, les Chrétiens et la politique.


"Peut-on encore être chrétien en Algérie ? "(paru dans La Vie le 11,06,08). Question provocatrice d'actualité après le procès de plusieurs chrétiens accusés de "prosélytisme".
Réponse dépassionnée du Père Christian Delorme, incluant toutes les dimensions humaines, sociales, historiques et politiques souvent omises par les islamophobes.
Je précise qu'ayant rencontré et vécu 3 semaines avec les moines rescapés de Thibarine, ayant rencontré le biographe de Monseigneur Claverie (évèque d'Oran assassiné) ainsi que le Père Serge de Beaurecueil après ses années en Afghanistan, je partage les propos de Christian Delorme. Ils correspondent assez bien à ces expériences et témoignages vécu et/ou entendu par ces grands acteurs du 20ieme siécle de la rencontre et du partage de la vie avec l'Autre et ce, même en condition extrème (conflits, occopations guerre civiles, pauvreté etc...).

(...)Enfermer l’Algérie dans une image de société «anti-chrétienne» me paraît dangereux, parce que les attitudes d’hostilité aux chrétiens n’appartiennent pas à l’histoire de ce peuple ni au comportement de la majorité de sa population actuelle. Il peut paraître démesuré que les quelque trente-quatre millions d’Algériens puissent se sentir menacés dans leur identité et leur unité nationales, par l’existence de quelques centaines ou milliers de nouveaux chrétiens algériens, mais cela est exprimé. Nous devons l’entendre. Nous ne pouvons pas ignorer que l’Algérie est une nation neuve et encore fragile, même s’il y a une «histoire algérienne» qui a préexisté à la constitution de l’État-nation né de la résistance de l’émir Abd el-Kader puis de la lutte pour l’indépendance. Cette nation reste marquée par des particularismes régionaux très forts. Elle a encore connu ces dernières années des déchirements terribles qui ont causé, dit-on, quelque deux cent mille morts en moins de quinze ans. Outre la mémoire de la colonisation et celle de la lutte pour l’indépendance, qu’est-ce qui constitue, actuellement, le «ciment» fondamental de la nation algérienne, sinon l’islam ? Je ne crois donc pas qu’on puisse faire fi de la psychologie de toute une partie de l’opinion algérienne, du pourquoi de l’incompréhension qui entoure les chrétiens. Et je n’ignore pas davantage que ces peurs peuvent être utilisées facilement par certains secteurs du pouvoir algérien qui sont liés au fondamentalisme musulman, puisque le gouvernement actuel est une coalition de plusieurs partis différents. J’espère, bien entendu, de tout mon coeur que la société algérienne finira par accepter pleinement la liberté de conscience pour chaque individu, et que les chrétiens algériens ne seront plus regardés comme des «ennemis de l’intérieur», mais je mesure que cela ne va pas de soi. Loin de moi en tous cas l’idée que les Algériens qui ont fait une découverte particulière du Christ qui les a conduits à la foi chrétienne seraient «coupables» de la répression qu’ils connaissent !
Se pose aussi la question de la légitimité du prosélytisme, c’est-à-dire la légitimité de campagnes d’évangélisation dans des sociétés musulmanes. Cette question n’est pas facile. L’évangélisation est certainement un ordre du Christ Jésus. Le christianisme ne s’est-il pas diffusé grâce au «prosélytisme» et grâce au sang versé de milliers et de milliers de martyrs ? Si je regarde le Christ, je m’aperçois, cependant, qu’il n’annonce pas toujours «à temps et à contretemps» (pour reprendre une expression de saint Paul dans sa deuxième lettre à Timothée). Parfois il demande à ceux qui le confessent (notamment les démons !) de se taire. Et, au cours de l’histoire, les façons d’annoncer l’Évangile ont connu des visages extrêmement différents. En Algérie justement, durant la colonisation française puis après l’indépendance, les Églises (d’abord sous la pression du pouvoir politique français) ont renoncé au prosélytisme afin de sauvegarder la paix sociale, car la Paix est un des grands dons de Dieu. En ce qui concerne l’islam, de surcroît, peut-on ignorer que les musulmans ont déjà une connaissance du Christ, quand bien même celle-ci est en contradiction avec l’annonce chrétienne du Crucifié et du Ressuscité ?
Enfin, la cohabitation de plus en plus fréquente des chrétiens et des musulmans dans notre grand «village planétaire» va faire qu’il y aura de plus en plus des «passages» d’une foi à une autre, du christianisme à l’islam et de l’islam au christianisme. Puissions-nous apprendre à vivre tout cela paisiblement et positivement, en croyant que l’oeuvre de Dieu s’accomplit de façons multiples et même contradictoires !

article paru dans Le Monde du 03,06,08 par Christian Delorme:

Longtemps terre de convivialité interreligieuse, l'Algérie est en train de se retrouver, chez nous, au banc des accusés, à la suite de différentes mesures qui ont restreint, dans ce pays, l'exercice du droit de vivre pleinement sa religion pour les chrétiens de différentes dénominations.
Les récents procès intentés à Tiaret contre des personnes d'origine musulmane qui ont embrassé le christianisme de tendance évangélique valent désormais à l'Algérie d'être considérée, dans les pays occidentaux, comme un pays où les chrétiens sont persécutés. Cette situation est au moins autant dramatique pour l'Algérie, dont l'image se trouve ainsi salie, que pour les chrétiens en question.
(...)
Connaissant l'utilisation à son profit du christianisme évangélique que la puissance impériale américaine fait en divers pays du monde, les Algériens sont nombreux à craindre qu'existe une stratégie qui viserait à créer une minorité chrétienne dans leur pays, qui pourrait devenir un jour prétexte à des interventions militaires. Il y a certainement, derrière les difficultés faites actuellement aux chrétiens, des pressions exercées par certains Etats du Golfe ou de la péninsule Arabique, afin que l'Algérie affiche davantage son islamité aux portes de l'Europe. Mais il y a, également, ces peurs algériennes et une sensibilité particulière du peuple d'Algérie qui ne doivent pas être traitées par le mépris.

Dans cette situation, l'urgence se fait sentir d'une réflexion sereine sur la légitimité, ou non, du prosélytisme chrétien en terre d'islam. Car si l'on ne peut que défendre le droit de chaque individu à aller librement vers la foi de son choix, en revanche il peut paraître moins sûr que soient permises les tentatives de ramener à soi, par des techniques diverses, des hommes et des femmes appartenant à la foi musulmane. L'Evangile, certes, demande aux chrétiens d'annoncer le Christ, mais pas au prix du déchirement d'un peuple, pas au prix de l'engendrement de situations de violence. Ce furent, d'ailleurs, jusqu'à aujourd'hui, le "credo" et la pratique de Mgr Teissier comme du cardinal Duval, tous les deux des constructeurs de l'Algérie contemporaine.

Christian Delorme est prêtre du diocèse de Lyon, engagé de longue date dans le dialogue islamo-chrétien.
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/06/03/non-l-algerie-n-est-pas-antichretienne-par-christian-delorme_1053102_3232.html