jeudi 28 février 2008

Le monde Musulman admire l'Occident!

La majorité des musulmans ne hait pas l'Amérique (enquête)

ne vaste enquête sur les musulmans dans le monde réalisée durant six ans dans une quarantaine de pays et rendue publique mardi montre que l'Islam ne rime pas avec extrémisme et anti-américanisme.
"Nous avons découvert que les Musulmans ne détestent pas les libertés et la démocratie", a déclaré John Esposito, co-auteur du livre "Who Speaks for Islam" (Qui parle pour l'Islam) à paraître le mois prochain sur les bases de l'étude.

L'étude organisée par l'Institut Gallup a été lancée peu après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 alors que le président américain George Bush s'était demandé dans un discours: "pourquoi nous haïssent-ils?".

"Ils détestent (...) un gouvernement démocratiquement élu", avait-il suggéré ajoutant: "ils haïssent nos libertés, notre liberté de religion, notre liberté de parole, notre liberté de voter, de se réunir, de ne pas être d'accord les uns avec les autres".

Contrairement à cette interprétation, l'enquête, qui a porté sur des échantillons représentatifs de 90% des 1,3 milliard de musulmans dans le monde, montre que la majorité des musulmans admirent en fait l'Occident pour sa démocratie, ses libertés et ses progrès technologiques.

Ce qu'ils ne veulent pas, c'est qu'on leur impose les coutumes occidentales, affirme l'enquête.

"Les musulmans veulent l'auto-détermination, pas une démocratie définie et imposée par les Américains. Ils ne veulent pas de sécularisme ou de théocratie. Ce que veut la majorité, c'est une démocratie avec des valeurs religieuses", a noté M. Esposito, professeur d'études islamiques à Georgetown University à Washington.

Quelque 93% des musulmans du monde entier sont modérés et seuls 7% sont radicalisés politiquement, affirme le sondage.

Ces extrémistes s'avèrent n'être pas plus religieux que les modérés, ni même être plus particulièrement touchés par la pauvreté ou des conditions de vie éprouvantes comme vivre dans un camp de réfugiés.

"Ceux qui sont politiquement radicalisés sont souvent plus éduqués, avec un meilleur emploi et sont même plus optimistes envers l'avenir que la masse des musulmans", a expliqué le professeur Esposito.

L'enquête a interrogé des musulmans des zones rurales et urbaines de 40 pays en Afrique, en Asie, en Europe et au Moyen Orient.

Le choc des Civilisations est notre regard médiéval à l'égard de l'Autre. Il se concretise par une politique de guerre perpétuelle préventive de lutte contre le terrorisme.
Gilles Kepel,par exemple, nous l'affirme pourtant, Al-Quaeda a perdu son pari depuis longtemps. L'Oumma mythique qui se lèverait contres les Infidèles n'est jamais apparue. Et le courant reflue. Non pas grace aux forces occidentales d'occupation mais par le refus des musulmans du monde à ce projet fanatique.
Finalement, nous y avons bien plus cru que ceux à qui le message était théoriquement adressé.
A qui profite le crime?

«Les djihadistes sont hantés par leur isolement»(2004)
http://www.minorites.org/article.php?IDA=3433
« Fitna. Guerre au coeur de l’islam »(2004)
http://www.algerie-dz.com/article1082.html
L'échec de la stratégie Bush, par Gilles Kepel (2006)
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2006/08/08/l-echec-de-la-strategie-bush-par-gilles-kepel_801889_3232.html

Robert Badinter : "Nous sommes dans une période sombre pour notre justice"

(...)Le Conseil a donc retiré une partie du venin de la loi. Mais il a accepté le principe de la détention pour dangerosité, hors toute commission d'infraction. Qui ne voit le brouillard dans lequel on va plonger la justice ? On crée l'emprisonnement pour raisons de dangerosité, concept éminemment flou. Une personne sera enfermée, non plus pour les faits qu'elle a commis, mais pour ceux qu'elle pourrait commettre. On perd de vue l'un des fondements d'une société de liberté. On est emprisonné parce que l'on est responsable de ses actes. Nous passons d'une justice de responsabilité à une justice de sûreté. C'est un tournant très grave de notre droit. Les fondements de notre justice sont atteints. Que devient la présomption d'innocence, quand on est le présumé coupable potentiel d'un crime virtuel ?(...)

Relisons le scenario du film "MINORITY REPORT":
Washington, 2054. Le principe de "preemtive action" est appliqué à la sécurité intérieure. La division "Precrime" de la police procède à des arrestations non plus en fonction de faits réels, mais en fonction des crimes qu'un individu "pourrait" commettre...
http://arbredespossibles2.free.fr/SF/MinorityReport.html

La rétention de Sureté, une vieillerie. Efficace? Ebauche de la Politique de Civilisation du Sarkozisme.

Rétention de sureté et rétroactivité sont contraires à notre constitution actuelle et notre "civilisation". Faire appel de la décision du conseil constitutionnel est un abus de pouvoir du président inqualifiable. M Sarkozy n'a donc de conseil constitutionnel à recevoir de personne selon un humoriste. En attendant d'autres réactions, voici un rappel de notre histoire juridique avec une vieille loi concernant les récidivistes et autres criminels. Comme quoi le président n'est pas des plus innovants...

La loi du 27 mai 1885 (lire le texte), dite loi sur la relégation des récidivistes, entraîne « l’internement perpétuel sur le territoire des colonies ou possessions françaises » des délinquants et criminels multirécidivistes (Duvergier, J.-B., 1885, p. 225-252). L’enjeu de cette loi est de « débarrasser » le sol de la France métropolitaine des petits délinquants et vagabonds par une mécanique qui est unique dans l’histoire du droit pénal français. En effet, cette loi établie une « présomption irréfragable d’incorrigibilité », c’est-à-dire qu’elle fixe un nombre de peines, une quantité d’infractions au-delà de laquelle un individu est déclaré totalement inamendable par la pénalité classique. Ce seuil, appelé aussi « quantum », est variable et aménage plusieurs combinaisons qui, une fois atteintes, entraînent le prononcé obligatoire pour le juge de la peine accessoire de la relégation.
Ainsi, est relégué tout individu qui aura dans un intervalle de dix ans subit les peines suivantes :

1. Deux condamnations aux travaux forcés ou à la réclusion ;

2. Une des condamnations énoncées ci-dessus et deux condamnations soit à l’emprisonnement pour faits qualifiés crimes, soit à plus de trois mois d’emprisonnement pour vol, escroquerie, abus de confiance, outrage public à la pudeur, excitation habituelle de mineurs à la débauche ; vagabondage ou mendicité ;

3. Quatre condamnations, soit à l’emprisonnement pour faits qualifiés crimes ; soit à plus de trois mois d’emprisonnement pour les délits spécifiés au paragraphe 2 ;

4. Sept condamnations dont deux au moins prévues par les deux paragraphes précédents, et les autres, soit pour vagabondage, soit pour infraction à interdiction de résidence, à la condition que deux de ces autres condamnations soient à plus de trois mois d’emprisonnement ;

Cette loi est le premier chapitre d’un dispositif pénal mis en place par les républicains opportunistes à la fin du XIX° siècle. Fruit d’un débat long et dense aux chambres, la relégation sanctionne un regard criminologique, celui qui veut distinguer les délinquants d’habitude ou de profession, des délinquants par accident. Les premiers représentent un véritable danger et la société a le devoir de se protéger contre eux :

« L’accroissement progressif de la criminalité en Europe a sa cause dans la récidive (...). En présence de ce phénomène, la distinction des délinquants d’habitude et des délinquants primaires doit être considérée comme la base de l’organisation répressive : la sévérité contre les premiers, l’indulgence pour les seconds, tel est le programme qui s’impose. La loi française est entrée dans cette voie, soit par l’organisation de la relégation pour certains récidivistes (L. 27 mai 1885), soit par l’institution du sursis à exécution pour les condamnés primaires (L. 26 mars 1891). » (Garraud R., 1906-1907, p. 422).

Le Sarkozisme ou la rupture diplomatique avec Berlin

C’est une tradition franco-allemande, utile et nécessaire. Accompagnés de leurs seuls ministres des Affaires étrangères, les dirigeants des deux pays se retrouvent à intervalle régulier, toutes les six à huit semaines, pour un dîner informel, une fois en Allemagne, l’autre en France. Ces rencontres – dites « de Bläscheim », du nom de leur premier lieu – permettent d’accorder les violons entre deux capitales dont la connivence est indispensable à l’Europe.

La prochaine devait se tenir lundi prochain, en Bavière. Elle a été reportée, vendredi, à deux mois plus tard, au 9 juin. On lui a substitué, à la hâte, une simple « réunion de travail », avant l’inauguration, ce même lundi, d’un salon de l’électronique à Hanovre, et un autre rendez-vous franco-allemand, prévu pour aujourd’hui, à Paris, entre les ministres des Finances, a également été reporté, hier, sans nouvelle date pour l’instant.

Ces reports ne sont évidemment pas dus aux « raisons d’emploi du temps », invoqués mais à l’existence d’un malaise franco-allemand qui, pour avoir eu des précédents, n’en devient pas moins sérieux.

Les dirigeants des deux pays ont souvent eu besoin, dans l’Histoire, d’un temps d’adaptation, d’apprendre à se connaître pour pouvoir s’entendre. Ce fut, notamment, le cas entre Gerhard Schröder et Jacques Chirac avant qu’ils ne deviennent complices dans la crise irakienne. Depuis l’unification allemande, la France peine, surtout, à s’adapter au nouveau statut international de la République fédérale qui n’est plus le nain politique d’avant la chute du Mur. Tout cela est vrai mais ce qui l’est encore plus est que l’Allemagne et sa chancelière ne se satisfont ni du style personnel ni des manières politiques de Nicolas Sarkozy.

Fille de pasteur, nullement hautaine mais guère habituée aux familiarités débordantes, Angela Merkel n’a pas le sentiment n’avoir gardé les cochons avec le Président français. Elle n’aime pas qu’il la traite en vieille copine. Elle n’apprécie pas de s’être fait récemment interpeller par lui d’un « Hé, Angela ! », lancé à la cantonade. Nicolas Sarkozy heurte son éducation mais le plus grave – encore que… – n’est pas là.

Les Allemands ne supportent pas que Nicolas Sarkozy fasse comme s’il était seul à décider, annonce et consulte ensuite, s’attribue tous les mérites – les traite, en un mot, en quantité négligeable. Ce fut le cas dans l’affaire du nouveau Traité européen comme dans celle des infirmières bulgares. Ca l’est toujours dans celle du projet français d’Union méditerranéenne dont l’Allemagne ne veut pas car elle y voit une tentative d’affirmation nationale au détriment de l’Union européenne.

C’est encore le cas pour ce qui est des critiques françaises contre la Banque centrale européenne car, autant l’Allemagne est favorable au développement d’une politique économique de l’Europe, autant elle admet mal qu’un gouvernement qui ne sait pas tenir ses comptes donne des leçons aux autres et semble vouloir modifier les équilibres institutionnels de l’Union. Ca ne va pas fort.

Où les Turcs relisent l'Islam

Chronique "Géopolitique" sur France Inter du 27.02.08
Les Turcs relisent l'Islam.


Juste après le Coran, les Hadiths – les « Propos » en français – constituent le deuxième texte sacré de l’Islam. Ils sont la somme des dits du prophète, étudiés de génération en génération après avoir été rapportés par ses proches, conservés par la tradition orale et progressivement couchés par écrit.
Depuis que les cheiks Bukhari et Muslim en ont établis, quelques deux cents ans après la mort de Mahomet, la version qui fait autorité depuis le milieu, donc, du neuvième siècle, ces Hadiths sont l’objet d’une interprétation littérale. Ce sont elles qui ont ainsi contribué à figer l’Islam en en édictant des règles datant de plus d’un millénaire mais le Département turc des Affaires religieuses, la plus haute instance théologique d’un des principaux pays musulmans, s’apprête à en publier bientôt une relecture contemporaine.
C’est une révolution. On ne sait pas encore jusqu’où aura osé aller la commission chargée de cette tâche mais, qu’elle ait été timide, audacieuse ou téméraire, cette démarche est sans précédant car seuls des intellectuels isolés s’y étaient risqués jusqu’à présent, dans l’opprobre et, parfois, au péril de leur vie.
Un tabou se brise. Dès lors que des autorités religieuses d’autant de poids se seront permis de réinterpréter les Propos du prophète, de les replacer dans un contexte historique, celui du septième siècle, et d’en proposer de nouvelles lectures, la porte sera ouverte au débat, entrouverte en tout cas. Ce que les Turcs auront fait, d’autres le pourront. Ils pourront éventuellement aller plus loin.
C’est là quelque chose de tellement important et neuf qu’un chercheur du très pondéré Royal Institute for International Affairs de Londres, Fadi Hakura, n’hésitait pas à déclarer, hier, à la BBC qu’il y voyait « une sorte de parallèle à la Réforme dans le christianisme ». C’était aller vite.
Il ne faut pas oublier, surtout, que la Réforme ne s’était pas faite en un jour mais pourtant, oui, le parallèle est juste car toute relecture rompt avec le fondamentalisme pour en revenir aux fondamentaux, aux valeurs originelles débarrassées d’interprétations, de croyances et de conventions d’autres époques.
Ce sont les crimes d’honneur, l’assassinat par leurs familles de jeunes filles qui les auraient déshonorées, qui avaient décidé, en 2006, les Turcs à entreprendre cette démarche. Les religieux réprouvaient autant cette barbarie que les laïcs. Ce n’était pas une querelle entre croyants et incroyants. C’était une cause nationale mais comment convaincre les milieux les plus arriérés qu’ils ne pouvaient pas, là, invoquer la religion alors qu’ils le croient, dur comme fer ?
La commission s’est mise au travail et elle en est aujourd’hui, par exemple, à soutenir que, si le prophète avait édicté qu’une femme ne pouvait pas entreprendre un voyage de plus de trois jours sans son mari, c’est uniquement que les routes n’étaient pas sûres en son temps et que la preuve en est qu’il a également déclaré qu’il espérait « voir le jour où une femme pourrait parcourir seule une longue distance ».
C’est parce que la Turquie est un pays moderne, en plein boom, où les femmes votent depuis plus longtemps qu’en France, qu’elle a décidé de repenser la tradition religieuse, entrouvrant la voie à tout l’Islam.

jeudi 21 février 2008

Sarkozy, Mignon et la scientologie: les casseurs de la Répulique, scientologie


"En France, les sectes sont un non-problème", fait dire VSD à Emmanuelle Mignon.

"La liste établie en 1995 est scandaleuse. Quant à la Scientologie, je ne les connais pas mais on peut s'interroger. Ou bien c'est une dangereuse organisation et on l'interdit ou alors ils ne représentent pas de menace particulière pour l'ordre public et ils ont le droit d'exister en paix", ajoute-t-elle.



Sarkozy et son «ami scientologue»
http://www.liberation.fr/actualite/politiques/311175.FR.php

(...)Quelques jours plus tard, l'acteur, qui se présente comme «l'ami» du ministre de l'Economie et des Finances, affirme: «Nous avons parlé de tout, de scientologie, de cinéma, de vie familiale». Malaise.

Quelques jours avant cette sortie, l'émission d'investigation de Canal + 90 Minutes avait proposé une enquête sur les relations entre Nicolas Sarkozy et la scientologie. Et le magazine de raconter comment, sous son règne, le ministère de l'Intérieur a curieusement relâché sa surveillance autour de l'Eglise de scientologie, écartant même un policier spécialement chargé de ce dossier(...)
http://www.dailymotion.com/video/x1oo1r_sarkozy-jouetil-avec-le-feu

L'erreur d'Ayaan Hirsi Ali, par Dounia Bouzar

LE MONDE, 15.02.08.
Ayaan Hirsi Ali ne le fait certainement pas exprès, mais elle
renforce le pouvoir des terroristes en présentant l'intégrisme comme le produit de l'islam. Que la France la protège est naturel, mais que la France l'écoute serait contre-productif pour la sécurité !
Accuser ou défendre l'islam n'est plus le thème du débat. L'urgence est de combattre ce processus d'extension externe et de purification interne - puisque les premières victimes sont musulmanes. Comment affaiblir l'intégrisme ? Là est la vraie question. En le présentant comme l'application littérale de l'islam, Ayann Hirsi Ali valide la définition de l'islam des intégristes et sacralise les propos de ces illuminés.
Cette position est grave de conséquences. D'abord, cela parasite le traitement du phénomène, puisque ceux qui respectent le sacro-saint principe de liberté du culte vont nier ce phénomène et vont accepter n'importe quoi pour ne pas avoir le sentiment de devenir "islamophobes". D'autre part, accuser l'islam d'être l'essence de l'intégrisme empêche de se pencher sur les procédés d'endoctrinement. Car le discours radical existe dans toutes les religions depuis la nuit des temps. Pourquoi celui qui utilise l'islam fait-il de plus en plus autorité ? Par quels procédés arrive-t-il à métamorphoser des êtres humains en véritables machines meurtrières n'importe où et n'importe quand ?
Lorsque Ayaan Hirsi Ali prétend que la critique de l'islam combattra l'intégrisme, elle se trompe encore. Les intégristes n'ont que faire des discussions théologiques. Ce qui les intéresse, c'est de faire dire à l'islam ce qu'ils ont envie qu'il dise. Si un autre moyen leur procurait de la toute-puissance et de l'extase, ils l'utiliseraient... Dieu ne les intéresse pas. Ce qu'ils veulent, c'est prendre la place de Dieu. Aucune réforme théologique ne les ralentira. Ce qui les caractérise, ce n'est pas la connaissance religieuse, mais le degré d'aliénation mentale qui règne au sein du groupe.

Il serait temps de se pencher sur les processus d'endoctrinement. Se contenter de détruire les têtes pensantes ou d'accuser l'islam ne permet pas d'étudier les interactions entre les leaders et tous ceux qui les écoutent. Pendant longtemps, les experts ont lié l'intégrisme à la perte d'espoir social. D'autres l'expliquaient par la chute des grandes idéologies de combat. Les événements internationaux - notamment les attentats de Londres en 2005 - montrent que certains jeunes terroristes étaient ingénieurs et médecins, complètement insérés dans le milieu où ils évoluaient. La question de la perte d'espoir social, même si elle fait partie des causes, n'explique pas tout.

Le discours intégriste repose sur sa capacité à mobiliser un mouvement de masse dans un projet de régénération, d'unification et de purification. Le discours fait autorité en promettant au peuple de le transformer et de changer le sens de l'Histoire, en l'arrachant à la décadence et au déclin. (Comme en Israel, le projet sioniste de l'Eretz Israel?)

Le premier objectif du prédicateur consiste à subordonner l'individu à la communauté autour de la suprématie de l'identité religieuse. Afin de créer l'unité totale entre ses membres, l'individu ne doit plus avoir de droits en dehors des intérêts de la communauté. Il faut donc redessiner les frontières entre la sphère privée et la sphère publique, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de la première. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de l'individu. Il s'agit d'exacerber les différences avec les "autres", c'est-à-dire tous ceux qui n'adhèrent pas à la secte. Et d'exagérer les ressemblances entre "adeptes", jusqu'à provoquer l'amalgame. Parce qu'à l'intérieur du groupe, les uns ne doivent pas se distinguer des autres. Le jeune doit perdre ses contours identitaires, avoir le sentiment de percevoir exactement les mêmes émotions que ses "frères", d'être absolument le "même". Toute différence doit être anéantie ! Toutes les idéologies de ruptures reposent sur des exaltations de groupe. La fusion naît de l'illusion des adeptes d'avoir les mêmes émotions... Pour cela, il faut une seule grille de lecture du monde, ce qui optimise la communication interne puisque chacun est relié à un même mode de référence.

Les propos d'Ayaan Hirsi Ali nourrissent ce processus. Définir les "musulmans" comme une entité homogène revient à se placer sur les mêmes postulats que les discours terroristes en réduisant des individus à leur "dimension musulmane". Au contraire, les discours médiatiques et politiques doivent s'appliquer à valoriser l'hétérogénéité des parcours et des positionnements des individus à référence musulmane, les considérant ainsi comme sujets porteurs d'une histoire spécifique. La modernité consiste justement à désacraliser les propos des prédicateurs en rappelant que les interprétations religieuses sont toujours de simples compréhensions humaines. C'est ainsi que l'on pourra brouiller le système de communication des radicaux, en utilisant des registres d'expression différents.

Pour affaiblir les intégristes, la seule solution consiste à leur ôter leur justification : l'islam ! Autrement dit, il y a urgence à définir les critères qui distinguent l'intégrisme de l'islam, afin de le prendre pour ce qu'il est : un vulgaire terrorisme à éradiquer sans état d'âme.

Qu'est-ce qui est de l'ordre de la liberté de conscience et de culte (garantie, n'en déplaise à certains, par la Constitution et la loi de 1905) et qu'est-ce qui révèle un dysfonctionnement et du radicalisme ? Les repères sont clairs pour les autres religions, mais pas pour l'islam. En se trompant de diagnostic, les autorités politiques ou institutionnelles ne pourront pas être efficaces. Que cela débouche sur du laxisme ou de la diabolisation, l'amalgame avantage toujours les intégristes.

Bio de Dounia Bouzar
http://www.portail-religion.com/encyclopedie/b/Dounia_Bouzar/Dounia_Bouzar.php
"Non à l'Islam-prétexte", publié dans LeMonde en 2003
http://www.bladi.net/1219-non-a-l-islam-pretexte-par-dounia-bouzar.html

J'ai toujours pensé que le clan "Bush avait besoin du clan "ben Laden" et inversement pour exister. Chacun justifiant ses choix, son idéologie par réaction "légitime" face aux exactions de la partie adverse. L'essentialisme, les réductions, culturelles, sociales, religieuses, l'approche manichéenne entrainent la diabolisation de l'adversaire et de tout semblable à celui-ci (par exemple: les "Musulmans, les "Arabes" et le terrorisme). Pour premières conséquences, le repli sur soi, la peur de l'Autre. Autres conséquences l'acceptation d'envoi en "croisade" contre l'énemi, l'acceptation de dommages collatéraux immenses, un coût financier conséquent ainsi qu'une perte de crédibilité de notre civilisation et valeurs face au reste du monde.
En face, le même mécanisme est identique.
Ces deux "clans", ne sont-ils pas le miroir de leurs propres misères intellectuelles et declin moral? Leur incapacité à se remettre en cause, à vivre le monde d'aujourd'hui, risquer sa rencontre, parier sur l'altérité?

mercredi 20 février 2008

Le Pakistan, les USA, enfin un regard civilisé de l'Empire?

Géopolitique, France Inter, Bernard Guetta.
Mercredi 20 février 2008
Pari démocratique au Pakistan
Les bonnes nouvelles, d’abord. Quand bien même y aurait-il eu, lundi, des fraudes dans ces élections pakistanaises, ce scrutin législatif a été assez régulier pour que les deux grands partis d’opposition puissent littéralement balayer les partisans du Président en place, Pervez Musharraf, général qui trustait le pouvoir depuis son coup d’Etat d’octobre 1999.
C’est d’autant plus notable que cette victoire de la démocratie procède de deux autres raretés dans le monde musulman – une révolte, premièrement, de la société civile qui s’était mise en mouvement, au printemps dernier, sous l’impulsion du corps judicaire, avocats et magistrats, et une formidable pression, en second lieu, des Etats-Unis qui ont préféré, là, les urnes à une dictature, pourtant amie.
Rien de tout cela n’aurait été possible sans les classes moyennes, la presse et les hommes de loi pakistanais dont la détermination et l’attachement à l’état de droit ont convaincu l’Amérique qu’il valait mieux prendre le risque d’élections libres que laisser ce pays plonger dans un chaos que Pervez Musharraf ne maîtrisait plus - pris qu’il était entre l’aspiration démocratique et les attentats islamistes.
Troisième bonne nouvelle, enfin, ces attentats ont délégitimé les partis islamistes qui ont maintenant perdu la quasi-totalité des 50 sièges qu’ils avaient remportés aux législatives de 2002.
La mauvaise nouvelle, maintenant, est qu’il ne suffit pas à la démocratie d’avoir remporté une manche. Pour s’imposer vraiment, il lui faut, désormais, faire ses preuves, prouver qu’elle est moins inapte que la dictature à relever les défis pakistanais et la tâche s’annonce rude.
Premier problème, les deux formations gagnantes, le PPP, le Parti du peuple pakistanais de la dynastie Bhutto, et la Ligue musulmane de l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif, ne ressortent pas seulement plus de clans que de vrais partis. Condamnés à gouverner ensemble, ces éternels rivaux sont, aussi, divisés par de lourds contentieux historiques qui ne s’éteindront pas aisément.
L’harmonie sera difficile à trouver et, plus inquiétant encore, le PPP, orphelin de Benazir Bhutto assassinée en décembre dernier, n’a pas de dirigeant naturel. Il y a l’époux, le veuf de la leader charismatique, mais il n’est qu’un pièce rapportée, réputée corrompue. Il y a le fils qui aurait du reprendre le flambeau de sa mère comme elle avait repris celui de son propre père, pendu par les militaires, mais cet étudiant des universités britanniques est vraiment trop jeune. Il y a encore les sages du parti, vieux conseillers de la famille mais mal connus du grand public et tout cela promet de grands tiraillements.
Avec ou sans Musharraf, l’armée n’est qu’en réserve, tout prête à reprendre le gouvernail et, si les urnes ont désavoué les islamistes, ils n’en restent pas moins extrêmement forts, de leurs militants, de leurs armées et des écoles religieuses, les madrassa (De grâce, monsieur Guetta, pas d'essentialisme réducteur. Seul quelques écoles, "Medrassa", sont sous contrôle integriste, pas la totalité des écoles pakistanaise. Pourquoi ce regard si réducteur? A quelles fins...?). Aux frontières de l’Afghanistan où les taliban redressent la tête et mettent l’Otan en échec, c’est une épreuve de vérité, non pas injouable mais incertaine, qui s’ouvre au Pakistan.

No comment: le Vatican, le Marketing et les Saints...

Benoît XVI demande plus de rigueur pour les saints. La Croix, 18.02.08

Du Padre Pio à Charles de Foucauld en passant par Mère Teresa de Calcutta, les saints et les bienheureux, sont pour l’Église catholique, un « formidable produit de marketing, à usage interne comme externe », expliquait lundi 18 février à Rome le P. Ciro Benedettti, vice-directeur de la Salle de presse du Saint-Siège.

dimanche 17 février 2008

L'Appel républicain de Marianne

Il se passe de drôles de choses dans notre République. L'actuel Président avait bien promis la rupture. Rupture il y a, mais pas seulement telle qu'elle avait été annoncée.
Un gouvernement marginalisé, dont le travail s'avère pré-mâché par les conseillers du Prince. Rupture.
Un Président qui semble déserter la fonction, parlant tour à tour comme croyant ou comme laïc. Rupture.
Un Président qui veut mettre la politique en chiffres, comme s'il s'agissait de vendre des petits pois. Rupture.
Un Président qui entend diriger ses équipes comme un manager d'hypermarché, distribuant bons et mauvais points, primes ou sanctions. Rupture.
Un Président qui reste chef de parti et dont le domaine réservé est davantage la Mairie de Neuilly que la politique de défense. Rupture.
Un Président qui prétend substituer au débat contradictoire traditionnel entre majorité et opposition la mise en scène des divergences entre ses courtisans et ses ministres. Rupture.
Un Président qui affirme devoir être heureux pour gouverner le pays. Rupture.
Un Président qui annule ses rendez vous du soir et du matin pour vivre pleinement son couple. Rupture.

La liste est longue des stupéfiantes innovations, que, volontairement ou involontairement, Nicolas Sarkozy a introduit dans la politique présidentielle. Ce nouveau cours suscite donc des inquiétudes, une anxiété même. C'est cette anxiété, qui risque bien de s'amplifier dans les semaines et les mois à venir, que traduit l'appel républicain de dix-sept hommes et femmes politiques que nous reproduisons ci-dessous. On ne doit pas se tromper sur sa signification : si des personnalités politiques de premier plan qui ont l'habitude de s'affronter sur la scène publique depuis des années, prennent le risque de s'afficher au bas d'un même texte à quelques jours d'un scrutin dont le président lui a annoncé qu'il serait politique, si cet appel a recueilli la signature de plusieurs hommes et femmes politiques de la droite républicaine, c'est bien que le contexte politique créé par huit mois de sarkozysme est totalement inédit.

Pour une vigilance républicaine
Les soussignés se réclament de sensibilités très diverses, et ils ont sur un certain nombre de sujets importants des positions très différentes, mais ils ont malgré tout en commun un certain nombre de convictions et de valeurs qu'ils entendent réaffirmer.

- Leur attachement au principe républicain et, en conséquence, leur refus de toute dérive vers une forme de pouvoir purement personnel confinant à la monarchie élective.
- Leur attachement aux fondamentaux d'une laïcité ferme et tolérante, gage de la paix civile.
- Leur attachement à l'indépendance de la presse et au pluralisme de l'information.
- Leur attachement aux grandes options qui ont guidé, depuis cinquante ans, au-delà des clivages partisans, une politique étrangère digne, attachée à la défense du droit des peuples et soucieuse de préserver l'indépendance nationale et de construire une Europe propre à relever les défis du XXI° siècle.

Au-delà de leurs divergences, les soussignés tiennent à rappeler leur engagement à défendre, séparément ou ensemble, ces impératifs, comme toujours cela fut fait au cours de l'Histoire de la République.
http://www.marianne2.fr/L-Appel-republicain-de-Marianne_a83903.html?PHPSESSID=92a28c9bd8d3a2f85d6dee3a604cd40e

Mémoires sélectives, la dérive communautariste qui fait trembler la République.

M. Nicolas Sarkozy, la mémoire et l’histoire
“Travail de mémoire” “devoir de mémoire” Une réflexion analytique de Dominique Vidal
vendredi 15 février 2008

La première question concerne la classe choisie. Les réactions de leurs syndicats et associations le confirment : la plupart des enseignants et des psychologues estiment que les écoliers de CM2, à dix ou onze ans, sont beaucoup trop jeunes pour porter affectivement et comprendre intellectuellement le destin d’un enfant disparu dans les camps de la mort nazis. Il serait à la fois plus éthique (pour éviter tout reproche de manipulation) et plus efficace (pour garantir une pédagogie sérieuse) d’attendre que les jeunes soient plus avancés dans leur scolarité.

La deuxième question porte sur le rapport entre émotion et raison. L’expérience montre que la transmission de la mémoire des pages les plus noires de l’humanité ne peut s’effectuer sur le seul terrain des sentiments : elle suppose qu’on en appelle à la réflexion sur les leçons conjoncturelles et universelles des événements. Comme l’écrivait Jean Baudrillard, « la commémoration s’oppose à la mémoire : elle se fait en temps réel et, du coup, l’événement devient de moins en moins réel et historique, de plus en plus irréel et mythique… (2) » Bref, sans le « travail de mémoire », le « devoir de mémoire » se transforme en routine inutile, voire contre-productive.

une troisième question surgit : de quelle(s) mémoire(s) est-il question?

Quatrième question : revient-il au chef de l’Etat, qui plus est à l’occasion d’une manifestation communautaire, de décider ce que doit faire l’Education nationale en matière historique ?
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-02-15-M-Nicolas-Sarkozy-la-memoire-et-l

Rajoutons aussi les critiques de proches de Sarkozy issues de hautes personnalités de la communauté juive:

Elie Wiesel : « Il ne faut ni politiser ni banaliser la mémoire » - La Croix
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2329151&rubId=786
Simone Veil: L'ancienne présidente du Parlement européen juge l'idée d'un parrainage des enfants juifs déportés «insoutenable et injuste». "On ne peut pas demander à un enfant de s'identifier à un enfant mort", indique l'ancienne déportée, au sujet de la volonté du président de confier la mémoire d'une victime de la Shoah à chaque élève de CM2.
http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/02/16/01001-20080216ARTFIG00066-shoah-simone-veil-denonce-l-initiative-presidentielle-.php
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20080215.OBS0740/memoire_de_la_shoah__simone_veil_fustige_lidee_de_nicol.html
L'historien Jean-Pierre Azéma, spécialiste de l'histoire de Vichy, et membre du comité d'historiens "Liberté pour l'Histoire", a jugé cette initiative "scandaleuse, à tous égards". "C'est scandaleux", a-t-il déclaré vendredi à l'AFP, "d'embrigader des élèves pour le culte de la mémoire des enfants juifs martyrs".
Il juge cette "obligation, imposée sans la moindre concertation par le pouvoir politique en place, insupportable et qui plus est, dangereuse et contreproductive".
"Cela", a-t-il ajouté, "risque de déchaîner une concurrence victimaire, et, bien loin de réduire l'antisémitisme, de déclencher des réactions tout à fait opposées. Comme pour la loi de 1905 sur la laïcité, Sarkozy nous met la pagaille et ouvre la boîte de Pandore!"
"Tout cela a été fait à la va-vite", a-t-il remarqué, en soulignant, pour preuve, que M. Sarkozy "n'est même pas capable de dire la vérité historique": "Les 11.000 petites victimes juives - auxquelles fait allusion le président -, nées pour la plupart de parents étrangers, n'étaient pas toutes française.

L'écrivain Pascal Bruckner estime que la décision du président Sarkozy "n'ajoute rien, hormis du pathos". "C'est une initiative dangereuse", a-t-il déclaré au Figaro, "qui va faire dire, une fois de plus: +Y'en a que pour les Juifs+".
"La compassion, c'est dangereux", dit-il, soulignant que l'"on confond mémoire et histoire" et que "ce qui doit s'enseigner à l'école, c'est l'histoire". "Le devoir de mémoire défini par Primo Levi est l'obligation faite aux survivants, aux témoins, de raconter. Pas celle de commémorer."
http://fr.news.yahoo.com/afp/20080215/tfr-politique-education-histoire-shoah-f56f567_1.html

L'association Liberté pour l'histoire, qui regroupe plusieurs centaines d'historiens et enseignants, comme Mona Ozouf, Pierre Nora ou Jean-Pierre Azéma, a également fait part de sa réserve. Pour l'association, "quelque respectable que soit l'intention" de M. Sarkozy, cette initiative "substitue une démarche purement émotive à un apprentissage critique de l'histoire qui demeure le premier devoir des éducateurs".

L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a accueilli "de manière réservée" l'annonce de Nicolas Sarkozy, jugeant que la mémoire "ne se transmet pas par un processus d'identification."
http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/02/16/memoire-de-la-shoah-associations-et-historiens-critiquent-l-annonce-de-m-sarkozy_1012103_823448.html#ens_id=861150
L'Union Juive Francaise pour la Paix:
Nicolas Sarkozy rejoue la manipulation de la mémoire qu'il avait inaugurée avec Guy Môquet et demande aux instituteurs de se soumettre à sa volonté.
Mais ici l'effet mémoire, dont Nicolas Sarkozy semble friand, relève d'une triple manipulation : manipulation des instituteurs obligés de jouer le jeu morbide du devoir de mémoire, manipulation de jeunes élèves auxquels on demande un jumelage tout aussi morbide avec un enfant juif victime de la barbarie nazie, manipulation de la mémoire qui apparaît ici comme une insulte aux victimes du génocide.
L'appel à la célébration de la Shoah n'est plus qu'une forme abjecte de clientélisme.
Les Français juifs devraient comprendre que cet appel, qui tend à les présenter comme des privilégiés, va à l'encontre de l'égalité des droits des citoyens français et ne peut que favoriser l'antisémitisme. Les Juifs y apparaissent comme les amis d'un Etat xénophobe, oubliant qu'ils ont été eux aussi les victimes de la xénophobie et de la chasse aux métèques. On voit ici se rejoindre judéophilie et judéophobie.
On ne peut accepter qu'un Président de la République se livre à de telles pratiques, lesquelles ne peuvent que contribuer à renforcer les clivages communautaires. Mais on sait que ces clivages sont, pour Sarkozy, un moyen d'asseoir son pouvoir.

http://www.ujfp.org/modules/news/article.php?storyid=341


Boris Cyrulnik, Une "gentillesse" trop brutale, Lemonde du 19.02.08

Notre dignité, c'est de faire quelque chose de la blessure passée, ne pas nous y soumettre et surtout ne pas entraîner d'autres enfants dans la souffrance.
Ma première réaction fut une crispation désagréable, comme si j'avais pensé : "C'est une gentillesse criminelle !" J'ai alors cherché autour de moi des cas où des adultes bien intentionnés avaient fait porter à un enfant le poids d'un autre enfant disparu. Dans mon expérience de praticien, quand un bébé est mis au monde afin de remplacer un aîné qui vient de mourir, on appelle ça un "enfant de remplacement". Ces cas ne sont pas rares, et ces enfants souffrent d'un difficile développement affectif. Ils disent : "Pendant toute mon enfance, j'ai dû aller sur ma propre tombe puisque je portais les vêtements et le nom du mort dont je voyais la photo sur le marbre de ma tombe. Je n'étais pas aimé pour moi-même puisque l'autre était idéalisé donc mieux que moi. Dans ma famille, on n'aime que les morts. Si je veux être aimé, je dois me suicider." Le poids d'une telle mémoire est un lourd fardeau pour un enfant de 10 ans.

Beaucoup de petits ne réagiront pas de cette manière. Si leurs parents soupirent d'un air excédé "encore la Shoah", comme beaucoup de gens l'ont fait dès la fin de la guerre, les écoliers réciteront la mort du disparu comme une corvée ennuyeuse, une punition peut-être ? La banalisation de la Shoah leur mettra en mémoire que l'assassinat de sept adultes sur dix et de neuf enfants sur dix n'est qu'un détail de l'histoire. Beau cadeau pour les négationnistes. Dans certains groupes religieux qui composent notre société, on réagira avec colère : "Il n'y en a que pour les juifs, nous aussi on a souffert", diront certains immigrés. Ils nous expliqueront que dans leurs pays d'origine on a tué beaucoup moins de juifs. "La persécution des juifs d'Europe ne fait pas partie de notre histoire", diront-ils, exaspérés. D'autres déclareront, et ce sera justice, que les Arméniens aussi ont le droit de se plaindre et les Cambodgiens et les Rwandais et pas seulement le lobby juif. (Tiens, il y aurait donc un droit de se plaindre ?) J'en prévois même qui seront heureux d'ajouter que la mémoire des petits Palestiniens tués devra, elle aussi, être citée dans les écoles.
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/02/19/une-gentillesse-trop-brutale-par-boris-cyrulnik_1013187_3232.html


autres sites:
http://www.crif.org/
http://www.juif.org/
http://www.a7fr.com/

jeudi 14 février 2008

L'Iran, le Moyen-Orient, par Pascal Boniface

Quelles réponses pour une meilleure sécurité dans la région méditerranéenne ? Chaque spécialiste a apporté la réponse en fonction de sa culture et de ses propres engagements. Pascal Boniface, directeur de l'IRIS, a traité de la crise iranienne, ses origines, ses enjeux et ses solutions. Il nous a accordé l'entretien suivant.

Georges Bush est devenu président et on assiste en janvier 2002 au discours sur l'axe du mal qui désigne nommément l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord comme le mal absolu et dont les régimes devaient être abattus. Comment ont réagi les Iraniens ?
La société iranienne était dans une profonde mutation. Les restrictions sociales et celles aux libertés individuelles dans ce pays où 50% de la population a moins de 25 ans étaient mal acceptées. Les Iraniens sont extrêmement bien formés, en contact avec le monde extérieur. Ils aspirent à des changements de régime de l'intérieur mais certainement pas imposés par les Etats-Unis qui, avec George Bush, apparaissaient comme les ennemis du monde musulman.Le discours américain a eu pour effet de renforcer le camp des durs en Iran et de rapprocher les différentes composantes politiques au gouvernement quels que soient les reproches que l'on pouvait lui faire. Les menaces extérieures ont eu pour effet de ressouder les Iraniens. La guerre contre l'Irak avaient déjà agi dans ce sens sur la société iranienne et personne, dans ces cas de figure, ne voulait apparaître comme complice des Américains Dans la dernière guerre de l'Irak, c'est l'Iran et le camp des durs, les partisans d'un durcissement, qui ont gagné en pariant sur la menace extérieure. C'est ainsi que l'Iran s'est radicalisé mais les Iraniens ont tenté un rapprochement avec l'Occident en proposant des négociations globales aux Etats-Unis. Ces derniers ont refusé en disant que si les Iraniens voulaient négocier c'est parce qu'ils étaient en position de faiblesse. La question qui se posait en fait était de savoir quel pays, la Syrie ou l'Iran, qui allait être attaqué après l'Irak. Quand la situation en Irak s'est dégradée, la position des Américains a été de demander à l'Iran de négocier soit sur le dossier irakien, soit sur le dossier nucléaire mais pas de façon globale. On demandait en fait aux Iraniens, qui ne sont pas néophytes, de négocier sur leurs deux atouts et de ne pas négocier globalement notamment sur les restrictions commerciales, le rétablissement des relations diplomatiques et l'arrêt des menaces.

Une dernière question sur le désastre du Moyen-Orient ?
Dans la plus grande indifférence générale. On parle toujours du droit à la sécurité d'Israël, certes, mais il y a aussi le droit à la sécurité des Palestiniens qui vivent dans une immense prison à ciel ouvert. Même si l'on déplore le tir des roquettes dans la ville d'Eron ou les actes desdits terroristes, quand on compare le nombre des morts, il est nettement plus important du côté palestinien. Nous sommes dans une situation, après la rencontre d'Annapolis, où il y a une absence de volonté israélienne d'avancer, un soutien américain qui ne s'est jamais démenti et le même silence des pays européens et des pays arabes.

L’islamisation de la Turquie est loin d’être en marche

Aux Cassandres, turcophobes et/ou islamophobes, cet article de l'IRIS montre un autre regard que l'image d'un "fascislamisme" conquérant qui, après avoir conquis le pouvoir turc, déferlerait sur nos terres "blanches et chrétiennes".....
Le manichéisme, l'essentialisme, les traits de la dérive conservatrice et xénophobe de nos penseurs et élus en Occident actuellement, sont le vrai choc des civilisations.

Barah MIKAÏL par Bérénice Rocfort-Giovanni (Nouvel Obs.com, 7 février 2008)
Le Parti républicain du peuple estime qu'une levée de l'interdiction du voile à l'université est un premier pas vers un régime islamique. Sa crainte est-elle justifiée ?
Absolument pas. Il faut demeurer conscient de ce que le Parti républicain du peuple continue à surfer sur la vague qui fut la sienne avant les élections législatives de juillet 2007, à savoir accuser l’AKP d’être derrière un projet d’islamisation à tous niveaux de la Turquie qui s’inscrirait nécessairement en faux avec la notion de laïcité. Or, cet argument, à mes yeux totalement infondé, occulte une série de faits fondamentaux. D’une part, toute jeune fille turque n’est pas nécessairement porteuse du voile. Et d’autre part, si les seuls adeptes du port obligatoire du voile islamique avaient voté en faveur de l’AKP, ce parti n’aurait tout simplement pas gagné les législatives de juillet 2007. Quant à l’amendement constitutionnel relatif à cette question, il n’oblige personne à endosser le voile ; il permet tout simplement à celles qui le veulent de le faire au sein des universités. En déduire une imposition de la charia à l’ensemble du pays revient ainsi, ni plus ni moins, à faire un procès d’intention à l’AKP.

Quelle a été la réaction de l'armée après le vote du Parlement ? Quel poids a le camp des laïcs dans le pays ?
L’armée a fait preuve, pour l’heure, d’une assez grande discrétion, qui ne fait d’ailleurs que confirmer l’attitude discrète à laquelle elle s’était tenue ces derniers jours. Ainsi, si Yasser Buyukanit, le chef des armées, a suggéré à demi-mots son opposition à cet amendement, il s’est néanmoins borné à rappeler qu’il n’avait pas de commentaires à faire en la matière. Cela reste dans le droit fil de la conjoncture positive qui s’est installée entre l’armée et l’AKP depuis les élections de juillet 2007, et plus manifestement encore ces dernières semaines. L’AKP a, de son côté, la force des urnes, et il a d’ailleurs laissé toute latitude à l’armée pour développer la stratégie qu’elle estime être adéquate concernant le Kurdistan irakien, ce dont celle-ci lui sait apparemment gré aujourd’hui. Mais il ne faut pas se laisser tromper par l’argument pour autant : les cadres de l’armée turque sont profondément hostiles à cet amendement, et certains politiques attachés au rôle de cette institution ne manquent pas pour leur part de le faire entendre.
Quant au poids des laïcs dans le pays, il est tout simplement majoritaire, et c’est là que l’on a tout à fait tort de vouloir considérer que les seuls adeptes de cet amendement sont – ou seraient – des religieux et/ou des conservateurs. Certes, le Parti républicain du peuple (CHP) fait valoir son attachement à l’héritage de Moustafa Kemal Ataturk, et partant à une forme de laïcité qui prônerait notamment l’interdiction du port du voile, à tout le moins dans les administrations publiques. Mais cela reviendrait à considérer, par exemple, que le Parti d’action nationaliste (MHP), qui a soutenu cet amendement, serait pour sa part composé de religieux convaincus de la nécessaire application de la Charia. C’est là oublier pourtant l’attachement à la laïcité que le MHP a prôné dès sa création, ce qui ne l’empêche pas pour autant de pouvoir composer avec des tenants du respect des pratiques religieuses tant que cela ne se fait pas par la coercition.

La levée de l'interdiction à l'université risque-t-elle d'accentuer la pression sur les filles pour qu'elles se voilent ?
Il convient d’en douter. Pour ce, il faudrait en effet que l’AKP fasse du port du voile la condition sine qua non pour l’obtention de certains postes précis ou l’obtention de promotions diverses. Si cela venait à se vérifier, on assisterait sans doute à une forme de révolution en Turquie, et soit à une chute de l’AKP, soit à sa sanction lors des prochaines législatives. Le tout sans oublier que l’armée turque elle-même pourrait dès lors trouver matière à faire valoir ses conceptions. L’islamisation de la Turquie est donc loin d’être en marche, et même si certaines exceptions prévaudront forcément à tel ou tel autre endroit, dans la globalité, c’est le respect du choix fait par les unes et les autres qui aura le plus de chances de prévaloir. La laïcité est en effet loin d’être incompatible avec le port du voile dès lors que des personnes le portent avec conviction. Ca semble antithétique vu de l’Occident ; mais c’est tout simplement conforme à la logique des choses vu des pays musulmans en général.


l'Australie présente ses excuses aux Aborigènes

Dans ce texte, toute ressemblance entre les Aborigènes et les "indigènes"de notre ex-Empire colonial n'est que forfuite...
La France demandera-t-elle un jour pardon au peuple Algérien, aux peuples sub-sahariens? L'Espagne en Amerique du Sud, les USA et la conquète de l'Ouest, ont-ils demandé pardon pour leurs massacres des indiens, les habitants historiques de ces terres?
Encore là un vrai choc de civilisation de notre part...allant des fautes du passé au mépris d'aujourd'hui.

Moment historique ce mercredi matin 13 février, au parlement de Canberra. Le premier ministre australien Kevin Rudd a exprimé son pardon aux Aborigènes pour ce qu'il convient d'appeler la «génération volée». De 1910 à 1969, l'Etat australien a mené une politique d'assimilation forcée autorisant à retirer des enfants aborigènes de leurs parents pour les placer dans des familles de Blancs ou dans des institutions religieuses. Certains ont subi des abus sexuels, d'autres ont été utilisés comme main-d'œuvre gratuite.

«Arrêtez-vous, regardez et faites partie de l'Histoire.» Les mots de la déclaration ont été soigneusement pesés avec les leaders de la communauté aborigène, qui compte quelque 450000 âmes sur une population de 21 millions d'habitants. L'ex-premier ministre conservateur John Howard, qui, au cours de ses onze ans de pouvoir, avait toujours refusé d'accorder son pardon aux Aborigènes, n'a pas participé à la cérémonie.

Dans le quotidien The Australian, la championne olympique de 400 mètres, Cathy Freeman, 35 ans, salue le geste des autorités australiennes: «Pour ma famille, il va permettre une certaine guérison. [...] Dire pardon, c'est comme donner une chance de nous réunifier.» La profondeur du témoignage révèle une histoire familiale douloureuse que Cathy Freeman n'a découverte que récemment, après sa retraite sportive. Quand elle était petite, sa mère fut placée de force dans une institution religieuse. On lui interdisait de parler sa langue. L'ex-championne olympique ajoute: «Mon arrière-arrière grand-père [...] a combattu durant la Première Guerre mondiale pour ce pays.» On ne lui paya jamais la solde. Il avait combattu en homme libre, mais était retourné en Australie en esclave.
Spécialiste des questions du pardon*, Pierre Hazan estime que les excuses telles que celles présentées au peuple aborigène font partie d'un rituel important. Elles contribuent à construire une identité nationale. Elles permettent de réécrire l'Histoire d'un pays. Les Etats écrivent désormais leur propre histoire de manière infiniment moins héroïque que par le passé. Il y a eu un transfert de sacralité. Ce ne sont plus la nation ou l'Etat qui sont sacrés, ce sont les victimes qui bénéficient de ce redoutable privilège. Un redoutable privilège, car elles risquent elles-mêmes de se retrouver prisonnières de ce nouveau rôle.»
Ce mercredi est à marquer d'une pierre blanche dans les livres d'histoire australiens. Un juste retour du sort pour ce groupe ethnique le plus pauvre d'Australie. Les Aborigènes sont surreprésentés dans les prisons, ils comptent le plus grand nombre de chômeurs, d'alcooliques et d'illettrés. Leur espérance de vie est de 17 ans inférieure à la moyenne nationale. Le pardon les aidera peut-être à ne plus appeler la fête nationale australienne le «jour de l'invasion», en référence aux Britanniques, qui, à partir de 1788, avaient contribué à décimer 80% de la population aborigène.

L'Australie demande pardon aux Aborigènes (Fevrier 2008):
http://www.rfi.fr/actufr/articles/098/article_62742.asp


*«Juger la guerre, juger l'Histoire, du bon usage des commissions vérité et de la justice internationale», PUF, 2007.
http:/www.letemps.ch/template/international.asp?page=4&contenuPage=&article=225539&quickbar=

mardi 12 février 2008

Société Bling-Bling: Augmentation de 40% pour trois dirigeants sur quatre en France en 2007

Les patrons des plus importants groupes du CAC 40 ont reçu chacun en valeur médiane 6,175 millions d'euros de rémunération totale en 2007, selon une étude HayGroup révélée en exclusivité par latribune.fr et La Tribune.
Le chiffre fait rêver en ces temps de débats sur le pouvoir d'achat : 40% d'augmentation médiane entre 2006 et 2007. C'est la belle envolée des rémunérations qu'ont obtenu 77% des PDG français. Pas mal !

Sauvegardons la laïcité de la République!

Les organisations et personnalités signataires rappellent solennellement que, selon l’article 1er de la Constitution, la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Ces quatre termes indissociables définissent des principes qui s’imposent à tous, au premier rang desquels le Président de la République. Or, les déclarations récentes de Monsieur Sarkozy, mêlant ses convictions personnelles et sa fonction présidentielle, portent atteinte à la laïcité de la République.
La mise en cause de ce principe constitutionnel indispensable à la paix civile est inacceptable. Depuis 1905, grâce à la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat, la République assure à chaque citoyen la liberté de conscience, garantit sa liberté de croire ou de ne pas croire et de pratiquer le culte de son choix, de n’en pratiquer aucun ou de pouvoir en changer. Elle permet ainsi de vivre ensemble, dans le respect de chacun, quels que soient ses origines, ses choix philosophiques ou ses convictions religieuses.
Dans notre République et notre société multiculturelle, la diversité doit être richesse et non source de conflit. Pour cela, la laïcité, assurant l’égalité en droit des citoyens dans le respect des lois de la République, permet à la fois l’expression du pluralisme des convictions et la recherche de valeurs communes pour construire une communauté de destin.

C’est pourquoi, les organisations et personnalités signataires s’opposeront à toute tentative qui mettrait, de fait, en cause la laïcité par une modification du contenu de la loi de 1905. A l’heure où nos concitoyens éprouvent des difficultés et des inquiétudes croissantes, elles les appellent à promouvoir la laïcité comme une exigence partagée avec la ferme volonté de bâtir ensemble une société où la justice sociale assurera, quotidiennement, pour toutes et pour tous, la liberté, l’égalité et la fraternité.

vendredi 8 février 2008

End Gaza Blockade Now!

Beaucoup de sites et de pétitions pour dénoncer la prison à ciel ouvert qu'est Gaza.
En voici un exemple de l'association américaine Brit Tzedek v’Shalom (the Jewish Alliance for Justice and Peace is to educate and mobilize American Jews in support of a negotiated two-state resolution of the Israeli-Palestinian conflict).

This week, hundreds of thousands of Palestinians flooded out of Gaza through the recently breached border crossing with Egypt in order to purchase food, medicine, cement, mattresses, and household supplies. Last week, over two hundred Qassam rockets were launched by Palestinian militants into Sderot and elsewhere in Israel's northern Negev. In response, Israel sealed Gaza's borders, blocking access by its population to essential fuel and humanitarian supplies.

This escalation of violence and punishment must end, and for that to happen, the U.S. must intervene. Please contact President Bush today to demand urgent U.S. action to encourage an Israel-Hamas ceasefire and the reopening of border crossings into Gaza to allow for the regular transport of fuel and humanitarian supplies!

http://ga3.org/campaign/end_gaza_blockade/

UN: Despite Israel's promises, West Bank barriers have increased
http://www.haaretz.com/hasen/spages/947133.html
Despite the promises to reduce them, the number of fixed physical barriers in the West Bank have increased from 528 to 563. (...)
"Continuation of the closures in the occupied territories will lead to further deterioration in the living conditions of 3.8 million Palestinians," the document stated.
Ce rapport est édifiant!
http://www.haaretz.com/hasite/images/iht_daily/D210108/cap.pdf

Another obstacle to Zionism
By Akiva Eldar(
is a chief political columnist and editorial writer for the Israeli newspaper Ha'aretz. He has been covering developments in the region for the last 20 years) http://www.haaretz.com/hasen/spages/942114.html For too many years many people in Israel, including fine people on the left, saw in the settlement movement a new, national-religious version of the secular Zionist movement. The time has come to examine this myth in light of the current reality between the sea and the Jordan River, at the end of 40 years of settlement. In the state's 60th year, it is no longer possible to hold onto the argument that in 1948, too, we stole Arab lands. That chapter of the Zionist struggle ended on May 15, 1948. The Declaration of Independence laid the moral foundations for the state of the Jews - the realization of the Zionist vision.
The constitutive Zionist document guarantees that this state will provide "complete equality of social and political rights to all its inhabitants." This declaration means that if the territories are annexed, Israel is obligated to grant the rights of citizenship to Palestinians as well, including the right to vote and to be voted into the Knesset. Within the Green Line, the pre-1967 borders, Jews constitute a solid majority (79 percent). According to demographic forecasts, the separation of Israel and the territories would guarantee that in 2020, too, the Jews will retain their relative advantage. But annexation of the West Bank and East Jerusalem - whether officially or de facto - makes the territory between the sea and the Jordan River a binational state even now (54 percent Jews, 46 percent non-Jews).
The Zionist leadership declared that the State of Israel "will be based on freedom, justice and peace." The settlement in the heart of the territories has for 40 years denied freedom to millions of people, including the freedom of movement. What connection is there between the expropriation of "state lands" or the takeover of private lands, on the one hand, and the creation of justice and peace, on the other? How does the enormous growth in the number of settlers since the signing of the Oslo Accords (from 100,000 in 1993 to 270,000 today) square with the 60-year-old declaration, "We extend our hand to all neighboring states and their peoples in an offer of peace and good neighborliness."?

Were it not for its fear of the settlers, Israel would not be ignoring the extended hand of the Arab League, which offers peace and good neighborliness within the June 4, 1967, borders. And what is the contribution of the settlements to Israel's international standing, in keeping with the declaration, "We appeal to the United Nations to assist the Jewish people in the building-up of its State and to receive the State of Israel into the comity of nations"? The settlements and the course of the separation fence, which was tailored to suit their needs, have drawn the largest number of UN condemnations and international protests against Israel(...).
Apart from talking, what is Olmert doing to remove the obstacle from the path of Zionism?