jeudi 27 mars 2008

Le TIBET, le Bouddhisme et la violence.

Bernard Faure, professeur d'histoire des religions d'Asie à l'Université de Columbia, à New York, est l'auteur de nombreux ouvrages*. De passage à Calcutta, en Inde, il répond à nos questions.

- Les Tibétains, contrairement aux préceptes du dalaï-lama, peuvent donc se tourner vers la violence?

- La colère des Tibétains est l'émanation d'un ressentiment et d'une volonté de résistance, qui existent depuis des années mais qui avaient été occultés par la force du message du dalaï-lama. C'est aussi le constat amer que le combat non violent du chef spirituel des Tibétains n'a pas porté ses fruits. A cela s'ajoutent des idéologies liées à la géographie: les moines de Lhassa, d'où est originaire le dalaï-lama, sont modérés et défendent l'autonomie du Tibet. Les moines issus des provinces du nord sont plus combatifs, et les exilés de cette communauté ont des vues radicales pro-indépendantistes.

- Les royaumes himalayens bouddhistes, aujourd'hui sous suprématie indienne, chinoise ou népalaise (sauf le Bhoutan), se sont caractérisés par des structures très féodales. Par exemple, le Mustang, au Népal, fonctionne encore selon la suprématie des nobles qui vivent dans la «Haute Ville»...

- En effet, et c'était aussi le cas au Tibet. Une interprétation du bouddhisme a servi de ciment à cette idéologie féodale, qui prône l'immobilisme. La même tendance s'est développée dans l'hindouisme. Notre place dans la société serait déterminée par les actes de nos vies antérieures, alors chacun accepte sa position, puisqu'elle est «méritée». Mais c'est une interprétation très caricaturale.

- Bouddhisme et démocratie font-ils bon ménage?

- Le bouddhisme est lié à toutes les formes de régime! L'Occident, influencé par le dalaï-lama, a tendance à associer bouddhisme, paix et démocratie. Ce n'est pas une évidence..

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