lundi 4 août 2008

Malalaï Joya, une afghane contre l'occupation, la corruption et l'integrisme

Qualifiée de «femme la plus courageuse d'Afghanistan», Malalaï Joya, élue députée au parlement de Kaboul mais exclue au terme d'une procédure scandaleuse, rêve qu'une femme prenne un jour les rênes de l'Afghanistan.

Mon nom, Malalaï Joya, ne tient pas du hasard. C'est mon père qui a choisi le prénom de l'aînée de ses dix enfants en souvenir d'une héroïne de l'histoire afghane, Malalaï de Maiwand, qui s'est rendue en 1880 sur un champ de bataille afin de combattre les Britanniques. Une femme valeureuse, prête à se sacrifier pour son peuple et ses idées. Je me sens sa disciple. Quant au nom de Joya, c'est moi qui l'ai choisi. Normalement, une femme ne porte que le nom de son père puis de son mari. Moi, j'ai décidé de reprendre le nom d'un combattant pour la liberté qui a été exécuté après avoir refusé les ultimes compromis qui auraient sauvé sa tête. J'adore cet homme, et j'endosse son héritage. J'ai 30 ans, je ne veux pas mourir, mais je suis prête, comme lui, à risquer ma vie.
J'ai demandé deux minutes de parole au nom de la nouvelle génération. Et je me suis lancée, dénonçant la présence de ces félons, résolument anti-femmes, qui avaient mis le pays en ruine et méritaient d'être traduits en justice. Il y eut un grand blanc. Et puis soudain un vacarme effroyable. Ils étaient tous debout levant le poing, hurlant des injures, demandant qu'on m'expulse, exigeant des excuses. Plutôt mourir!

Des foules m'attendaient à mon retour en province. On me criait bravo, merci. On m'offrait des arpents de terre et des bagues de mariage. On me disait de continuer à lutter contre les criminels qui s'étaient peut-être coupé la barbe mais demeuraient les mêmes. Et on me demandait de me présenter aux prochaines élections. Je n'avais pas le droit de me dérober.

C'est ainsi que, en novembre 2005, j'ai fait mon entrée au nouveau parlement afghan. Et c'est là que, après ma dénonciation de la présence des seigneurs de la guerre et des corrompus de l'opium, on m'a joué les pires tours, coupant mon micro et menaçant, à l'intérieur même de l'hémicycle, de me violer, de me tuer... «y compris par un attentat suicide»! Ils ont d'ailleurs fini par voter mon exclusion. Il y a eu des manifestations de soutien, des appels internationaux, Rien n'y a fait
Je rêve qu'on démasque les criminels corrompus qui gouvernent ce pays et s'engraissent de l'opium et de l'aide occidentale quand 70% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, que 98% n'ont pas accès à l'électricité et qu'on s'enfonce dans l'insécurité. Je rêve de voir cette clique de la trempe des Hitler, Mussolini, Pinochet, Khomeiny, comparaître devant la justice internationale.
Je rêve qu'on cesse de mélanger islam et politique, et que l'Afghanistan, débarrassé de l'occupation étrangère, devienne une grande démocratie laïque. L'islam est dans notre cœur et notre esprit. Il ne doit pas servir à manipuler l'opinion.

A la conclusion d 'un documentaire diffusé sur France 2 dont le sujet etait la drogue et les enfants des rues à Kaboul, une des meres de famille d'une association nous eclaire de son regard: déplorant la corruption, le terrorisme, la drogue, elle finit par dire: "L'Islam en Afghanistan n'a pas été réellement et pleinement essayé."
Dans sa dimension spirituelle salvatrice, émancipatrice et évélatrice pour l'Homme, en effet, quel constat et quel esperance pour ce peuple et pour la Paix dans le monde (si nous occupons bien ce pays pour notre Sécurité et Liberté...).



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