lundi 19 octobre 2009

Rapport Goldstone et Gaza: Qui veut assumer les faits et cheminer vers le sens de l'Histoire?

Le rapport Goldstone concernant les exactions à Gaza commises par les deux parties été approuvé ce vendredi. Sur les 47 membres du conseil, 25 ont voté pour l'adoption du document, 6 ont voté contre, 11 se sont abstenus et 5 (dont la France) n'ont pas pris part au vote.
Ce vote renvoie le rapport devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York et auprès de son secrétaire général Ban Ki-moon, qui devrait ensuite le transmettre au Conseil de sécurité.
Le rapport sur l'offensive de l'hiver dernier dans la Bande de Gaza demande aux deux parties, Israël et le Hamas, de mener des enquêtes indépendantes pour punir les responsables de crimes de guerre. En cas d'impossibilité d'enquêter dans les six mois, le rapport préconise la saisie du procureur de la Cour pénale internationale par le Conseil de sécurité de l'ONU. Mais dans ce cas de figure, difficile d'imaginer un autre scénario que celui du veto américain...

Malgré le discours du Caire, la décision des Etats-Unis de s’opposer à la résolution sur le rapport Goldstone prouve aux yeux du monde arabe que la politique américaine n’a pas changé.

George Mitchell continue de répéter à qui veut l’entendre qu’il lui avait fallu sept cents jours avant de voir se dessiner la paix en Irlande du Nord, dont il fut le principal architecte. Au Proche-Orient, cependant, la montée de fièvre autour du rapport Goldstone montre assez que les choses ne seront pas plus simples. «Les Etats-Unis essaient encore d’éviter qu’Israël ait à rendre des comptes devant la justice internationale, poursuit Amjad Atallah, même au prix de défendre le Hamas par la même occasion. Mais surtout, au risque de perdre les gains accumulés grâce au discours du Caire et aux premiers succès face à l’Iran."

L'éditorial du Temps.ch nous eclaire:
Richard Goldstone et son rapport creusent leur sillon: celui de la justice, de la fin de l’impunité et – qui sait – peut-être un jour, au bout du chemin, celui d’une contribution à la paix
Il y a un mois, lorsque le juge juif sud-africain présentait le fruit du travail de sa commission d’enquête à Gaza concluant à des crimes de guerre israéliens et palestiniens, il savait qu’il remettait une bombe entre les mains du Conseil des droits de l’homme. Il savait également qu’il serait l’objet d’attaques personnelles, d’instrumentalisation politique et de pressions. Dans la posture du petit juge face aux puissants, il affichait une mine imperturbable, confiant et optimiste dans l’impact de son enquête. Comme un homme assuré d’être dans le sens de l’Histoire.

Vendredi, dans un vote disputé, le Conseil des droits de l’homme lui a donné raison en adoptant son texte et ses recommandations. A-t-il été diminué par les manœuvres de Palestiniens déboussolés, reportant la lecture du texte à six mois avant de le faire parapher dans l’urgence? A peine. L’essentiel est ailleurs. Adopté par l’ONU, ce rapport devrait faire date pour plusieurs raisons:
-son étude de cas devrait contribuer à renforcer le Droit international humanitaire et la protection des civils face à la tentation de relativiser les Conventions de Genève au nom de la lutte contre le «terrorisme».

Il ouvre par ailleurs de nouvelles perspectives pour la justice internationale en donnant un nouveau rôle au Conseil des droits de l’homme.
Autant de perspectives qui crispent habituellement les Etats soucieux de leurs prérogatives nationales. Un véritable exploit. S’il a été possible, c’est d’abord par la qualité désormais incontestée – sinon par Israël et les Etats-Unis – du travail de la Commission Goldstone. C’est bien sûr aussi le résultat d’un rapport de force politique de plus en plus défavorable à la position d’Israël. Mais faut-il s’en étonner lorsque l’on considère la poursuite de la colonisation des territoires palestiniens unanimement condamnée?
En s’opposant au rapport Goldstone, sans explication convaincante, les Etats-Unis font fausse route. Barack Obama avait soulevé quelque espoir de changement lors de son discours du Caire. Avec Goldstone, il avait une occasion de faire intelligemment pression sur son allié.
En le balayant, il renforce la frustration palestinienne, qui sera à la hauteur des espoirs déçus.

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