jeudi 16 octobre 2008

La crise financière le Pape et le Coran.

Editorial incroyable de l'hebdomadaire CHALLENGES du 11 Septembre 2008
André Comte-Sponville, philosophe, nous l'a redit à satiété : le capitalisme ne peut pas être moral, ni contre la morale. Il est tout simplement amoral. L'économie et la morale relevant, au sens pascalien, de deux ordres différents, tenter de conjuguer les deux ensemble relève du «barbarisme», rappelle l'auteur de l'excellent essai Le capitalisme est-il moral ? (éditions Albin Michel). Mais même pour ceux qui ne croient pas à l'ordre divin, quelle tentation, au moment où le pape est en visite en France, de chercher quelques repères sur l'économie dans les textes du Vatican.
Notre chroniqueur Robert Rochefort, qui cache derrière ses fonctions de directeur du Crédoc un attachement à la tradition des chrétiens sociaux, n'a pourtant rien trouvé de très récent en provenance de Rome (lire page 61). Rien en tout cas de très important depuis 1991, quand Jean-Paul II s'était essayé à l'économie dans son encyclique Centesimus annus, et qu'il y avait donné une justification du profit du bout de la crosse : la pierre angulaire du capitalisme y était reconnue tout au plus «comme un bon indicateur du fonctionnement de l'entreprise».
En réalité, et Benoît XVI nous pardonnera, au moment où nous traversons une crise financière qui balaie tous les indices de croissance sur son passage, c'est plutôt le Coran qu'il faut relire que les textes pontificaux. Car si nos banquiers, avides de rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu la charia, nous n'en serions pas là. Il ne faut pourtant pas voir la finance islamiqu
e comme un exercice de troc moyenâgeux, car les pays du Golfe nous ont montré combien leur mentalité entrepreneuriale savait épouser le XXIe siècle. Simplement, leurs banquiers ne transigent pas sur un principe sacré : l'argent ne doit pas produire de l'argent. La traduction de cet engagement est simple : tout crédit doit avoir en face un actif bien identifié. Interdits, les produits toxiques; oubliés, les ABS et CDO que personne n'est capable de comprendre. Autrement dit, l'argent ne peut être utilisé que pour financer l'économie réelle. Il n'y a donc pas de hasard : si les banques du Golfe sont sorties indemnes de la crise du subprime, c'est qu'elles n'y sont pas entrées. Le respect de ce principe du Coran est également fort utile dans la relation que chacun entretient avec l'argent, qu'il s'agisse des entreprises ou des particuliers : les personnes morales n'ont ainsi pas le droit de s'endetter au-delà de leur capitalisation boursière; quant aux personnes physiques, elles ne peuvent de facto souffrir de surendettement. Voilà des règles qui ne peuvent pas nuire. Et même si elles reposent sur un texte qui date du VIIe siècle, Benoît XVI aura du mal à faire des sermons davantage puisés dans l'actualité.
Beaufils Vincent

Analyse sur le site Musulman Al Kanz:
Crise financière et récession : C'est plutôt le Coran qu´il faut relire!


Consacrant son éditorial du 11 septembre dernier, "Le pape ou le Coran", à la crise financière qui ébranle le monde et à la venue du pape Benoît XVI en France, Vincent Beaufils surprend. Revenant sur l´ouvrage d'André Comte-Sponville sur la morale et le capitalisme (/Le capitalisme est-il moral ?/), l´éditorialiste congédie le pape et les textes pontificaux... pour inviter à lire le Coran. 'C´est plutôt le Coran qu´il faut relire', écrit-il. Car si nos banquiers, avides de rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu la charia, nous n´en serions pas là.


Mieux, il rappelle l´actualité fracassante d´une conception très moderne de l´économie, celle de la finance islamique. Il suffit selon lui de voir comment les pays du Golfe ont 'épousé' avec succès le XXIe siècle. Leur recette miracle : *la règle islamique qui veut qu´on ne fasse pas de l´argent avec de l´argent. L´islam proscrit en effet très sévèrement toute transaction basée sur l´intérêt et l´usure (rîba). Rien ne justifie le recours à rîba pas même l´émission d´une fatwa fantaisiste permettant le recours au crédit immobilier qui fait fureur chez les classes moyennes en France. La sacralité de ce principe est tel qu´en islam rîba fait partie des grands péchés, puisqu´elle est ni plus ni moins une abomination.
Abomination qui fait sentir tous ses effets depuis plusieurs mois,
notamment aux États-Unis ou des millions de pauvres gens, des familles entières, se sont retrouvés du jour au lendemain sur le trottoir, SDF. Comme le relève d´ailleurs Vincent Beaufils lorsqu´il précise que 'si les banques du Golfe sont sorties indemnes de la crise du subprimes, c´est qu´elles n´y sont pas entrées.

Et d'appuyer là où ça fait mal: le respect de ce principe du Coran est également fort utile dans la relation que chacun entretient avec l'argent, qu´il s´agisse des entreprises ou des particuliers : les personnes morales n´ont ainsi pas le droit de s´endetter au-delà de leur capitalisation boursière ; quant aux personnes physiques, elles
ne peuvent de facto souffrir de surendettement. Pour finir sur un jugement sans appel : 'même si [ces règles] reposent sur un texte qui date du VIIe siècle, Benoît XVI aura du mal à faire des sermons davantage puisés dans l´actualité.
Surprenant non ?

Qu'est ce que la finance islamique?

La finance islamique, en accord avec l'éthique de l'islam, est basée sur deux principes : l'interdiction de l'intérêt, aussi appelé usure et la responsabilité sociale de l'investissement. Elle lie plus étroitement la rentabilité financière d'un investissement avec les résultats du projet concrêt associé. L’Islam interdit les transactions tant civiles que commerciales faisant recours à l'intérêt (ribâ), à la spéculation (gharar) ou au hasard (massir).

Le Débat en France:
La France va adapter sa fiscalité pour mieux accueillir la finance islamique. C'est l'objectif fixé hier par Christine Lagarde à l'occasion du rendez-vous annuel des professionnels de la place de Paris. Personne ne s'en cache : il s'agit de capter une partie d'un gros gâteau de plus de 4.000 milliards de dollars.

ecouter l'interview du 3 Juillet 2008 sur RTL de Christine Lagarde

La Finance Islamique vue par Christine LAGARDE, ministre de l'Economie et des Finances de France.
"Nous adapterons notre environnement juridique pour que la stabiliteé et l’innovation de notre place financière puissent bénéficier à la finance islamique et rendre ses activités aussi bienvenues à Paris qu’elles le sont à Londres et sur d’autres places."
Christine Lagarde – 02.07.2008

La Finance Islamique en France en débat au Sénat et son compte rendu vidéo.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Née dans les années 70, la finance islamique a pour but de développer des services bancaires et des produits financiers compatibles avec les prescriptions de la loi coranique. Acteur peu connu de la finance mondiale il y a encore quelques années, la finance islamique connaît aujourd'hui un développement appelé à perdurer au regard, notamment, des liquidités actuellement présentes dans un certain nombre de pays musulmans, et de la forte demande pour des produits compatibles avec la Charia. Cette croissance suscite un vif intérêt, y compris en Europe, où plusieurs pays s'interrogent sur la manière d'intégrer cette finance alternative aux cotés des activités conventionnelles. Le Royaume Uni fait figure de proue sur ce sujet depuis 2004, en proposant à la communauté musulmane une offre de services adaptée, et en faisant de la City la place européenne de référence en matière de finance islamique. Suite à son rapport d'information sur « Le nouvel « âge d'or » des fonds souverains au Moyen-Orient » d'octobre 2007, dont une partie était consacrée à la finance islamique, la commission des finances du Sénat souhaite apprécier l'opportunité et les modalités pour la France de s'insérer sur ce marché en plein essor. Dans cette perspective, nous serons particulièrement attentifs aux échanges et aux propositions qui se dégageront de ces tables rondes réunissant experts et professionnels reconnus.
Jean Arthuis

FORUM FRANCAIS DE LA FINANCE ISLAMIQUELE DEVELOPPEMENT DE LA FINANCE ISLAMIQUE SUR FOND DE CRISE FINANCIERE MONDIALE (thème 2008)
Nous vous invitons à participer au II Forum Français de la Finance Islamique, qui se tiendra le 26 novembre 2008 dans les salons de la Maison des Arts et Métiers à Paris.
Organisé par la Chambre de Commerce Franco-arabe et Secure Finance, ce forum s’impose comme l’événement majeur de ce second trimestre.
Il réunira experts et professionnels unanimement reconnus, pour approfondir les principales problématiques de la création et de l’essor, national et international,
de cette Finance Islamique « à la française », pour échanger, sur la base d’exemples et de retours d’expérience concrets, esquisser, enfin, les perspectives de partenariats franco-islamiques.
http://www.ccfranco-arabe.org/files/01.forum%20fr-ang.pdf

Finance Islamique France:
Finance Islamique France est le premier site français exclusivement consacré à la finance islamique, à sa position dans le système financier mondialisé et à ses perspectives de développement, en France et en Europe.
Finance Islamique France a aussi pour but de faire découvrir l'ouvrage collectif "La finance islamique à la française: un moteur pour l'économie, une alternative éthique". Sa date de parution est prévue à la rentrée prochaine.

Un exemple concret sur les offres de produits financiers islamiques dans des banques françaises.
Retour sur les produits islamiques de la Société générale
Finance islamique. Vous avez été nombreux à vous interroger sur les produits financiers proposés par la Société générale, via sa filiale, la BFCOI, aux musulmans de l’île de la Réunion (voir Finance islamique en France : lancement des premiers placements). Marouane Mohamed, ingénieur en mathématiques financières à Londres, revient pour Al-Kanz sur ces deux produits, le SGAM AI Liquidités et le SGAM AI Baraka, en quoi consistent ces produits.

La Société Générale est devenue actionnaire de la BFC en 2003 à parité avec la MCB (Mauritius Commercial Bank), et en contrôle le management avec Roger Munoz (Directeur Général) et Xavier de Mascarel (Directeur Commercial). La BFC fait partie intégrante du réseau de la Banque Hors France Métropolitaine (BHFM) de la Société Générale, dirigé par Jean-Louis MATTEI.
Jérôme Pignolet de Fresnes répond en exclusivité aux questions de Finance Islamique France au sujet des premiers produits islamiques lancés en France par la BFC

autre article sur SAPHIRNEWS.COM

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire